La psyché est bisexuée

Posté par othoharmonie le 15 novembre 2015

 

psyché bi-sexuéeUn premier point que je veux souligner, c’est le caractère bisexué de la psyché humaine. Dans la lutte pour l’égalité des sexes, on a souvent tendance à réduire ces derniers aux différences anatomiques et physiologiques. Seuls les corps seraient différents et complémentaires en vue de la reproduction.

Les autres caractéristiques ne seraient que le résultat de stéréotypes sociaux imposés par la division des tâches et la domination masculine traditionnelles. Au contraire, pour Jung, l’opposition entre le féminin et le masculin constitue la base même du psychisme humain. L’examen des oppositions qui structurent la psyché nous révèle en effet qu’elles ont toutes une grande affinité avec celle des sexes, chacun des contraires ayant toujours un caractère soit masculin soit féminin.

Cette façon de voir repose en premier lieu sur des observations cliniques comme l’analyse des rêves et des rêveries éveillées des nombreux patients et patientes que Jung a traités durant sa très longue carrière : il affirmait avoir analysé plus de 80,000 rêves. De plus, l’étude des mythologies venait confirmer et élargir ses théories. Une des hypothèses fondamentales de Jung consiste en effet à poser que les mécanismes psychiques qui sont à l’origine de la création des mythes et des rites universels sont les mêmes chez tous les hommes et continuent à alimenter l’imaginaire moderne. La connaissance de ces mythes nous permet donc de psychanalyser nos lointains ancêtres, comme les rêves et les fantasmes de nos contemporains guident le psychologue actuel dans son travail clinique.

Or il est évident qu’une des grandes structures de la mythologie consiste dans l’opposition et la lutte entre divinités masculines et féminines. Il semble donc que telle aussi soit la structure de l’inconscient collectif qui habite tous les humains. En fait les différents complexes qui constituent les noyaux énergétiques qui polarisent l’action de l’inconscient sont toujours personnifiés, aussi bien dans les rêves que dans les mythes, par des hommes et des femmes, ou par des animaux associés respectivement aux divinités masculines et féminines.

Ceci n’est pas surprenant puisqu’une autre hypothèse de base de Jung veut que toute l’organisation énergétique de la psyché repose sur l’opposition entre des pôles contraires entre lesquels circule cette énergie qu’il a d’abord nommée libido, selon le vocabulaire freudien, puis tout simplement énergie psychique, à cause de la signification trop unilatéralement sexuelle du premier terme . Sans tension entre des forces contraires, pas de transfert d’énergie, donc pas d’action : inertie totale. Lorsque les différences de potentiel sont nivelées, c’est la suspension ou l’arrêt du mouvement vital. Lorsque la conscience est trop unilatéralement dominée par l’un des pôles, il se produit donc nécessairement dans l’inconscient une activation compensatoire du pôle contraire en vue de retrouver une situation d’équilibre, c’est-à-dire une situation ou l’énergie circule librement entre ces pôles. Ainsi un homme exclusivement orienté selon ses tendances masculines et refoulant toute attitude féminine risque de souffrir de troubles émotionnels et de symptômes dont le but ultime est de rétablir l’équilibre de sa personnalité .

Ceci signifie que les composantes psychiques masculines et féminines sont simultanément présentes aussi bien dans la femme que dans l’homme, ce qui est une certaine forme d’androgynie. Cependant il y a une différence importante : chez la femme, la masculinité est au départ inconsciente et chez l’homme il en va de même pour la féminité. C’est le phénomène auquel Jung a donné les noms bien connus d’anima et d’animus. La féminité inconsciente de l’homme s’exprime dans la figure de l’anima, qu’il projette facilement sur les femmes qui l’entourent, tandis que la femme fait de même avec son animus. En termes freudiens, on dira que l’homme prend la femme pour sa mère et que sa partenaire le prend pour son père, ce qui n’est pas très différent de la position jungienne, car aux traits féminins impersonnels et universels de l’anima et de l’animus viennent nécessairement s’adjoindre les déterminations résultant de la relation au père et à la mère personnels.

Pour bien comprendre cette problématique et ne pas en rester au niveau des généralités, il faut cependant aller plus loin et nous poser la grande et terrible question : quels sont ces traits psychologiques que l’on peut considérer comme naturellement propres au masculin et au féminin ? 

Extrait de L’anima et l’animus dans Dialectique du Moi et de l’Inconscient, Gallimard, Paris, 1964, p. 137-191 sur le Blog de Francesca http://othoharmonie.unblog.fr/

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