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La quête du féminin, par Pierre Rabhi

Posté par othoharmonie le 20 décembre 2015

 

 

femme et enfantLa quête du féminin m’a toujours accompagné. Je ne parle pas seulement du désir charnel, mais du besoin de l’amitié, de l’affection des femmes.

Je crois à la nécessité d’en finir avec cette exaltation du masculin, entendu comme la volonté de puissance, l’agressivité, la domination. Je me sens profondément blessé par la subordination universelle de la femme. Combien d’hommes sont capables de s’assumer sans celles qu’ils jugent inférieures? Combien de filles n’ont pas accès à l’éducation? Combien d’épouses sont encore opprimées ou battues? Je suis déconcerté que tant de vies puissent naître de cette rencontre violente entre le masculin et le féminin. Les familles, les sociétés qui en résultent, ne peuvent que connaître un profond déséquilibre. Dans la nature, les deux sexes sont indispensables à la création. Le féminin l’est peut-être même davantage.

Lorsque j’étais éleveur, il y avait dans mon troupeau un bouc pour trente bêtes. Une fois qu’il avait fait son office, il pouvait disparaître sans que cela affecte nullement la vie des petits qui, en revanche, n’auraient pas survécu sans leur mère. J’ai toujours été un peu jaloux de cet état de fait. Comment, devant le miracle de la procréation, ne pas se sentir… un peu surnuméraire ? J’aurais tellement aimé vivre cette expérience fantastique de porter un enfant.

C’est sans doute cette jalousie fondamentale qui engendre la violence chez tant d’hommes. Leur peur, fantasmée, de ne pas être indispensables. Même dans les pays les plus égalitaires, il nous faut corriger l’injustice et l’arbitraire, rééquilibrer le désir de conquête par l’instinct de protection de la vie. Je ne dis pas que l’un est masculin et l’autre féminin.

Je crois à la présence de ces deux forces en chacun de nous. Je suis tout aussi révolté par ces discours qui mutilent les hommes en leur interdisant de pleurer, que par ceux qui prétendent réduire la féminité à la seule maternité. Il nous faut retrouver le sens de notre complémentarité. Entre nous, et en chacun de nous.

Pierre Rabhi

Publié dans APPRENDS-MOI, En 2012-2013 et après 2016 | Pas de Commentaire »

En quête de Dieu

Posté par othoharmonie le 20 décembre 2015

1 Zen

 

    L’un des nombreux problèmes auxquels nous sommes tous confrontés, et qui touchent tout particulièrement ceux dont l’éducation est en cours et qui devront bientôt se lancer dans le monde, est la question des réformes. Divers groupes – socialistes, communistes et réformateurs de tout poil – s’efforcent consciencieusement de faire aboutir certains changements dans le monde, de toute évidence nécessaires. Bien que certains pays jouissent d’une relative prospérité, dans le reste du monde la faim, voire la famine, subsiste, et des millions d’êtres humains sont mal vêtus et n’ont pas d’abri décent pour dormir. Mais comment une réforme fondamentale peut-elle se mettre en place sans susciter encore plus de chaos, de misère et de conflits? Là est le véritable problème. Si l’on se plonge un peu dans l’histoire, et que l’on observe les tendances politiques actuelles, il apparaît évident que ce que nous qualifions de réforme – si désirable et nécessaire soit-elle – apporte toujours dans son sillage de nouvelles formes de confusion et de conflits ; et pour contrecarrer ce surcroît de malheurs, il faut nécessairement encore plus de lois, plus de contrôles et de vérifications des contrôles. 

La réforme suscite de nouveaux désordres, et en y remédiant, on en crée de nouveaux, et le cercle vicieux continue de la sorte. Voilà ce à quoi nous sommes confrontés, et c’est un processus apparemment sans fin. 

    Comment sortir de ce cercle vicieux? Que les réformes soient nécessaires, c’est une évidence ; mais est-il possible de réformer sans créer de confusion plus grande? Voilà, me semble-t-il, l’un des problèmes fondamentaux dont toute personne réfléchie doit se préoccuper. La question n’est pas de se demander quel genre de réforme est nécessaire, mais si une quelconque réforme est possible sans entraîner d’autres problèmes qui suscitent à leur tour la nécessité d’une réforme. Et que faire pour casser ce processus sans fin? Assurément, la fonction de l’éducation, de l’école primaire à l’université, est de s’attaquer à ce problème, pas de manière abstraite et théorique, pas en philosophant et en écrivant des livres à ce sujet, mais en l’affrontant pour de bon, afin de trouver les moyens de le résoudre. L’homme est prisonnier de ce cercle vicieux d’un système de réformes qui exige sans cesse de nouvelles réformes, et s’il n’y est pas mis fin, nos problèmes sont sans solution. 

   Quel type d’éducation, quel type de pensée faut-il donc pour briser ce cercle vicieux? Quelle action saura mettre fin à cette recrudescence de problèmes dans toutes nos activités? Y a-t-il un mouvement de la pensée, quelle qu’en soit la direction, qui soit capable de libérer l’homme de ce mode de vie, qui, pour être réformé, exige toujours plus de réformes? Autrement dit, y a-t-il une action qui ne naisse pas d’une réaction? 

   Je pense qu’il existe un choix de vie étranger à ce processus de réforme qui a pour fruit une misère accrue, et cette voie-là peut être qualifiée de religieuse. L’homme authentiquement religieux ne se soucie pas de réformes, il ne se préoccupe pas d’introduire de simples changements dans l’ordre social: au contraire, il est à la recherche du vrai, et cette quête même a sur la société un impact transformateur. Voilà pourquoi l’éducation doit avant tout se préoccuper d’aider l’étudiant à chercher la vérité – ou Dieu – et ne pas se contenter de le préparer à se plier aux modèles d’une société donnée. 

    Je crois qu’il est très important de comprendre cela lorsqu’on est jeune car, l’âge venant, nous commençons à laisser de côté nos petits amusements et nos petites distractions, nos appétits sexuels et nos ambitions mesquines, nous avons une conscience plus aiguë des immenses problèmes auquel le monde est confronté, nous voulons alors agir pour y remédier, et apporter certaines améliorations. Mais, à moins d’être profondément religieux, nous ne susciterons qu’un surcroît de confusion et de malheurs ; et la religion n’a rien à voir avec les prêtres, les églises, les dogmes, ou les croyances organisées. Tout cela n’a rien à voir avec la religion, ce sont de simples convenances sociales visant à nous maintenir dans le cadre d’un schéma particulier de pensée et d’action ; ce ne sont que des moyens d’exploiter notre crédulité, notre espoir et notre peur. La religion consiste à chercher ce qu’est la vérité, ce qu’est Dieu, et cette quête requiert énormément d’énergie, une intelligence ouverte et une grande subtilité de pensée. L’action sociale juste ne naît pas en mettant en œuvre la soi-disant réforme d’une société donnée: elle naît dans et par la recherche de l’incommensurable. 

    La quête de la vérité exige beaucoup d’amour et une conscience approfondie de la relation de l’homme à toute chose – ce qui signifie que l’on ne se préoccupe pas de son propre progrès, ou de ses propres accomplissements. La quête de la vérité est la vraie religion, et seul celui qui cherche la vérité est un homme authentiquement religieux. 

A cause de son amour, cet homme est en dehors de la société, et son action sur elle est donc entièrement différente de celle de l’homme qui est dans la société et veut la réformer. Le réformateur ne peut jamais créer une nouvelle culture. Ce qui est indispensable, c’est la quête menée par l’homme véritablement religieux, car cette quête même produit sa propre culture – et c’est notre unique espoir. En effet, la quête de la vérité donne à l’esprit une créativité explosive, qui est la vraie révolution, car dans cette quête l’esprit n’est pas contaminé par les diktats et les sanctions de la société. 

Étant libre de tout cela, l’homme religieux est capable de découvrir ce qui est vrai ; et c’est cette découverte du vrai, d’instant en instant, qui crée une nouvelle culture.    

 C’est pour cette raison qu’il est si important pour vous de recevoir l’éducation adéquate. Pour cela, l’éducateur lui-même doit être correctement éduqué, de telle sorte qu’il ne considérera pas l’enseignement comme un simple moyen de gagner sa vie, mais qu’il sera capable d’aider l’élève à se détacher de tous les dogmes et à n’être prisonnier d’aucune religion ni d’aucune croyance. Ceux qui se rassemblent sur la base d’une autorité religieuse, ou pour mettre en pratique certains idéaux, s’intéressent tous aux réformes sociales, ce qui revient à se contenter de décorer les murs de sa prison. Seul l’homme réellement religieux est un vrai révolutionnaire ; et l’éducation a pour fonction d’aider chacun de nous à être religieux dans le vrai sens du terme, car c’est dans cette seule et unique voie qu’est notre salut.

 

Extrait … du livre LE SENS DU BONHEUR -  KRISHNAMURTI  à retrouver ICI : http://bibliothequecder.unblog.fr/2014/12/04/le-sens-du-bonheur-de-krishnamurti/

Publié dans DIEU, Nouvelle TERRE | Pas de Commentaire »

 

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