L’astucieuse fille du paysan : contes de sagesse ancestrale
Posté par othoharmonie le 6 février 2016
Un vieux paysan très pauvre survivait tant bien que mal avec sa fille. Un jour, tandis qu’il labourait un champ, il déterra une coupe en or. Il s’en réjouit, et pensa sa fortune faite, mais le propriétaire des terres réclama le trésor. Le paysan décida d’aller plaider sa cause devant le roi. Le roi écouta les deux parties, et leur dit : « Je vais vous poser une question, dans trois jours, vous reviendrez et vous me donnerez votre réponse.
Celui qui aura la meilleure réponse aura le trésor.
Voici ma question : quelle est la plus grande richesse ? » Le paysan rentra chez lui perplexe, et raconta tout à sa fille. Celle-ci la rassura et lui donna des instructions. Trois jours plus tard, il était à nouveau devant le roi avec le propriétaire. « Avez-vous trouvé quelle est la plus grande richesse ? demanda le roi.
- C’est l’or, évidemment, répondit le propriétaire.
- Qu’en dis-tu ? demanda le roi au paysan.
- Pour moi la plus grande richesse c’est la terre, c’est elle qui nous nourrit. »
Le roi fut satisfait de cette réponse et accorda le trésor au paysan. Il ne pensait pas le vieil homme capable d’avoir trouvé lui-même la réponse, et insista pour savoir qui l’avait aidé. Le paysan parla alors de sa fille, qu’il présenta comme très intelligente. Le roi voulut la mettre à l’épreuve.
Il lui dit « Si ta fille est si intelligente que tu le dis, qu’elle vienne à moi dans trois jours, ni vêtue, ni dévêtue, ni chevauchant, ni à pied, ni avec un présent, ni les mains vides. Si elle réussit je l’épouserai, sinon elle mourra. »
Le vieil homme était désespéré. Sa fille s’inquiéta en le voyant, et il finit par tout lui raconter. « Fais-moi confiance, lui dit-elle, nous nous en sortirons ».
Et trois jours plus tard, elle s’enroula dans un filet de pêche, et prit le chemin du château, enjambant un mouton, un pigeon dans les mains. Le roi l’aperçut et vint à sa rencontre. Le filet ne l’habillait pas vraiment, mais on ne pouvait pas non plus dire qu’elle était nue.
Sur son mouton, on ne pouvait pas dire qu’elle chevauchait, pourtant elle n’était pas non plus à pied. « As-tu un présent pour moi ? » demanda le roi.
Elle ouvrit les mains, et le pigeon qu’elle tenait s’envola. Le roi fut impressionné, et l’épousa comme il l’avait promis. Il mit toutefois une condition : elle ne devait jamais, au grand jamais, discuter ou contredire ses décisions. Le mariage eut lieu, et la fille du paysan devint reine.
Elle aimait son époux, et son père ne manquait plus de rien. Elle assistait aux jugements, voyait souvent son époux rendre de mauvais jugements et dire des bêtises, mais elle se mordait les lèvres et ne disait mot. Un jour elle aperçut un ami de son père. Il était venu demander justice au roi.
Lors d’un voyage, il s’était arrêté à une auberge, et avait mangé un œuf dur. Or quelle ne fut pas sa surprise quand l’aubergiste lui réclama 3 pièces d’or pour cette collation. Selon lui, l’œuf aurait pu donner une poule, qui aurait donné à son tour une poule, qui aurait donné naissance à une autre poule et ainsi de suite. L’œuf valait donc le prix de plusieurs poules.
La reine craignait fort que son mari ne se laisse abuser par cette explication, et elle donna à l’ homme des instructions. Le lendemain matin, quand le roi sortit dans le jardin pour sa promenade matinale, il aperçut l’homme en train de planter quelque chose.
Intrigué il lui demanda ce qu’il faisait. « Je plante des haricots bouillis.
- Mon pauvre homme, êtes-vous fou ? Jamais vous ne récolterez rien !
- Ça n’est pas plus fou que de penser qu’on peut obtenir une poule avec un œuf dur, répondit le paysan. »
Le roi reconnut tout de suite l’esprit aiguisé de sa femme. Furieux, il alla la voir, et lui dit qu’elle devrait quitter le château le lendemain avant l’aube. Elle avait été une bonne reine, aussi lui permit-il d’emporter avec elle la chose qu’elle avait de plus précieux. Le soir, la femme mit un somnifère dans la boisson du roi à son insu.
Celui-ci s’endormit rapidement. En se réveillant le lendemain, il ne reconnaissait pas sa chambre, et sa femme était à ses côtés. « Où suis-je ? Et que fais-tu là ? s’emporta-t-il. Je t’avais dit de partir !
- Et vous m’aviez permis d’emporter ce que j’avais de plus précieux. Or c’est vous, cher époux, mon bien le plus précieux. »
Le roi prit conscience de la grande sagesse de sa femme, et de sa propre stupidité de vouloir s’en passer. Aussi ils revinrent ensemble au château, et depuis ce jour, le roi ne manque pas de demander conseil à sa femme avant toute décision…
Francesca du blog http://othoharmonie.unblog.fr/
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