BEZE en Côte d’Or
Bèze est une commune française située dans le département de la Côte-d’Or et la région Bourgogne
Bèze se situe à 30 km au nord-est de Dijon et à 30 km au sud de Langres. Le bus n°34 de la société Transco passe 3 fois par jour (le 1er nous emmène à Dijon à 7h, 2 bus se croisent à Bèze à 13h (l’un nous emmène à Dijon, l’autre à Gray), enfin le dernier nous ramène à Bèze à 19h).
Histoire
Les origines de Bèze
Bèze, qui vient du latin bezua, doit son nom à sa situation près de la source d’une rivière éponyme, la Bèze. Ce lieu était appelé par les celtes BEZV, ou BEDW, ce qui signifie « source » ou « rivière à sa naissance ».
On ignore si ce lieu était habité avant l’antiquité. Des Gaulois vinrent s’installer dans la région.
La conquête romaine amena la création de routes importantes. La « voie Agrippa« , construite au Ier siècle après Jésus Christ, reliait Langres à Genève. Des médailles d’Hadrien, de Faustine et de Constance ont été découvertes dans les environs. Néanmoins, on ne sait pas si les Romains ont habité Bèze.
Les invasions barbares
En Bourgogne, le déclin des Romains attira des « barbares » venus de Germanie dont « les Burgondes », qui ont laissé leur nom à la Bourgogne.
D’après certains érudits, ce mot peut se décomposer en 2 parties : Bourg : car ce peuple se rassemble en bourg. ogne : qui signifie « bourg des dieux ». Bourg désigne aussi un lieu fortifié, un bourg étant toujours clos de murailles. Le reste étant un faubourg. Gund ne désigne pas les dieux, mais signifie « guerre », « combat ». Burgund désigne le mode de vie des Burgondes : des guerriers regroupés en un bourg fortifié, chargés de veiller à la sécurité d’un territoire. Il s’agit de la naissance des seigneuries (lire les publications de l’écrivain bourguignon Étienne Breton-Leroy, qui font aujourd’hui référence). D’autres érudits voient dans le mot « bourg » la racine germanique « gebirge » signifiant « montagnes »…
Le site de Bèze était habité et florissant à l’époque gallo-romaine, mais il fut dévasté et ruiné par les incursions des barbares (alamans, vandales…).
L’Empereur romain Constance Chlore, après avoir battu vers l’an 300 les Alamans venus jusqu’aux portes de Langres, décida d’installer une partie des vaincus de guerres précédentes, les Francs Hattuaires, sur les bords de la Saône, de la Seine, de la Tille, de la Bèze et de la Vingeanne. Le but de cette installation était de repeupler et de cultiver le vaste pays compris entre ces rivières.
La fondation
L’histoire écrite de Bèze commence à la fondation de l’Abbaye dite de Bèze-Fontaine. L’histoire du village et de l’abbaye sont alors intimement liées.
En 628, Dagobert Ier devient roi de Bourgogne et de Neustrie à la mort de son père Clotaire II. Conseillé par Saint Eloi, Saint Ouen et Saint Didier, il décide de rétablir l’autorité royale et vient en Bourgogne pour affirmer son pouvoir. Il est surnommé « le bon roi » par le peuple. Mais pour asseoir son autorité, il demande à trois grands seigneurs, les ducs Amalgaire, Arnebert et Willibaud d’assassiner Burnulfe, l’oncle de son demi-frère, qui avait contesté le partage des terres franques entre les deux frères. Une fois rentré à Paris, le roi Dagobert regrette son action et pour racheter ses péchés auprès de Dieu, il décide de la création de l’abbaye de Saint Denis. Par ailleurs, il récompense royalement les trois seigneurs qui ont effectué l’assassinat qu’il avait décidé. Chacun d’eux reçoit de vastes terres.
Entre autres propriétés, le duc Amalgaire de Bourgogne reçoit la terre de Fons Besua et afin de racheter ses fautes, il décide d’y bâtir un monastère. Il est fondé sous le vocable de saint Pierre & Saint Paul, l’an 616 (suivant Mabillon), ou en 630 (suivant le P. Le Cointe), par cet Amalgaire, duc « bénéficiaire » de Bourgogne (titre non héréditaire), et Aquiline, sa femme. Waldalène, l’un de ses trois fils, est nommé premier abbé de Bèze.
Bèze est la quatrième abbaye mérovingienne créée dans le diocèse de Langres. Dès sa création, elle est dotée de biens considérables. Elle possède et a sous son autorité les villages de Viévigne, Beire, Treige, Spoy, Oisilly, Blagny, Crimolois. Elle a 12 pièces de vignes à Marsannay la Côte et d’autres vignes à Couchey et Beaune. Elle possède également des terres à Dijon, Longvic, Chenôve, Prenois, Daix et un grand vignoble à Gevrey avec serfs et serviteurs. En 655, l’abbaye possède une école monastique.
En 634, Amalgaire dote à nouveau l’abbaye en lui donnant les fiefs de Jancigny, Talmay et des terres à Heuilley-sur-Saône (bois de Chy), Perrigny-sur-l’Ognon et Pontailler-sur-Saône où l’abbaye fait construire une chapelle au vocable de Saint Hippolyte. Ces terres de Talmay et Heuilley vont rester propriétés de l’abbaye jusqu’en 1234, date à laquelle elles seront données par l’évêque de Langres à Guillaume II de Champlitte-Pontailler, malgré l’opposition des moines de Bèze. Se considérant spoliée, l’abbaye recourut alors à l’arbitrage du pape Innocent IV… qui lui donna raison, par écrit, en 1245. Ce qui n’empêcha pas Guillaume II de garder ces terres, avec l’accord de l’évêque de Langres.
La Guerre de Cent Ans
Le roi Charles IV de France mort sans héritier, Philippe VI de France et Edouard III d’Angleterre prétendent au trône. À partir de 1337, la France et l’Angleterre s’opposent en un long conflit fait de périodes violentes et de périodes de paix : la guerre de Cent Ans (1337-1453).
En 1347, la peste noire fait son apparition et ravage la France pendant trois ans. En 1350, Jean II le Bon succède à son père Philippe VI. Il est fait prisonnier à la bataille de Poitiers en 1356 et est obligé de livrer un tiers de la France aux Anglais par le traité de Brétigny en 1360.
En 1364, Charles V de France succède à son père. Il reprend presque toutes les terres données aux Anglais. La Bourgogne est mise à mal par les grandes compagnies, bandes d’aventuriers et d’étrangers licenciés en 1360 par le roi Edouard d’Angleterre. Ce n’est qu’en 1369 que Du Guesclin parvient à s’en débarrasser.
En 1379, à la reprise de la guerre, la population de Bèze ne compte plus que 111 hommes et femmes. L’abbaye s’endette. Les vieilles fortifications sont devenues inefficaces. La pauvreté s’installe.
C’est la grande époque de la chevalerie. Des fossés sont creusés avec douves et pont-levis. Les tours carrées sont remplacées par des tours rondes couronnées de machicoulis et de créneaux. Elles sont aménagées en prison et percées de meurtrières. Les vieux souterrains sont remis en état. Bèze est alors réputé invulnérable. Une garnison y réside en permanence et le guet est fait jour et nuit. De cette forteresse, il ne reste que deux des grosses tours d’angle des remparts, la « tour d’Oysel » et la « tour de chaux ».
En 1437, les écorcheurs apparaissent en Bourgogne et s’arrêtent à Bèze. Le bourg fortifié est envahi mais on ignore s’ils ont pénétré dans l’abbaye. En 1445, les écorcheurs reviennent. Le bourg est réduit à 47 feux.
La Révolution
1789 : Du 23/12/88 au 14/01/89 la Bèze ne coule plus, l’eau dans le trou est gelée. Les temps sont durs et la révolte gronde. Lors de la nuit du 4 août 1789, la féodalité est abolie. Le 26 août, l’assemblée abolit les privilèges et rédige la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.
La légende dit qu’un jour « ceux de la Vingeanne » arrivèrent aux portes de l’abbaye armés de bâtons, de fourches et d’instruments divers en criant et en vociférant contre les moines. Ces derniers eurent juste le temps de s’enfuir dans un souterrain pour échapper au massacre. » Cette véritable émeute révolutionnaire est la seule qui semble avoir eu lieu contre les moines barons de Bèze. Il n’y eut ni gens tués, ni bâtiments incendiés et ce simple épisode de la « grande peur » faisait peut-être partie des nombreuses fausses nouvelles semées dans les campagnes pour y jeter la terreur.
La loi du 2 novembre 1789 met à la disposition de l’État tous les biens du clergé. Elle déclare ne plus reconnaître les vœux religieux et rend la liberté à tous les cloîtrés.
L’Assemblée Constituante assure en même temps un « salaire » aux curés et l’abbé Guelaud, curé de Bèze, est un des premiers à applaudir ces décrets et à confisquer tous les biens des moines, contre lesquels il avait toujours lutté depuis son arrivée à Bèze, en soutenant les habitants contre leur seigneur.
En février 1790, l’abbé Guelaud est élu maire. L’inventaire des biens de l’abbaye est fait en mai 1790. Il y a 4 175 livres dans la bibliothèque. À partir de janvier 1791, les biens de l’abbaye sont mis en vente : des terres, la tuilerie, un moulin, des maisons dans Bèze, la chapelle Saint-Prudent, le four banal, la chapelle de Notre Dame des Groisses sont vendus pour 209 410 livres. La commune, d’après la loi, garde le 1/16e de la somme. Tous les objets précieux, vases sacrés et reliquaires doivent être versés au trésor public.
En 1793, Louis XVI est guillotiné et Robespierre est au pouvoir. C’est la Terreur, la création des comités de salut public, le gouvernement révolutionnaire, la loi des suspects, le culte de l’être suprême et de la déesse raison. La France est couverte d’échafauds.
Les premiers coups de pics sont donnés aux bâtiments monastiques. La tradition rapporte que pour avoir sans peine et à moindre frais le plomb recouvrant la toiture de l’église (pour le vendre aux armées), l’église fut remplie de fagots et entièrement brûlée.
1795, l’église du monastère est rasée. Tout le centre de la grande maison conventuelle, longue de 113 mètres, tombe à son tour. Là se trouvaient les salles de réception, la galerie cloître, l’escalier en fer à cheval, les galeries menant du dortoir à l’église.
Le bâtiment servant aux moines de pressoir, la cuverie, est racheté 12 000 livres par la commune pour y installer la mairie et l’école.
L’ère de l’abbaye s’arrête, mais l’histoire de Bèze continue…
Les grottes de Bèze
Ces grottes se visitent de mai à septembre tous les jours, ainsi qu’en avril et en octobre tous les week-ends. En effet, elles sont remplies d’eau jusqu’au plafond pendant le reste de l’année. Pendant la période de visite, ces grottes se visitent à pied et en barque. Connue, dans sa partie initiale, depuis le moyen âge, la Grotte de la Crétane servait de refuge aux moines et aux villageois en cas d’invasion du bourg.
Lac qui se déverse à l’air libre par un siphon de type « vauclusien » dont le débit peut atteindre 20 m³ / seconde. Aménagée en 1970, puis restaurée en 1990, la grotte et le lac sont éclairés.
L’existence de la première grotte est très ancienne. Les habitants utilisaient cette cavité pour se cacher lors des invasions ou lors des nombreux pillages et destructions vécus dans le village. Ils auraient même utilisé cette cavité pour y déposer ce qu’ils avaient de plus précieux puis rebouché l’entrée.
La seconde grotte fut découverte le 16 septembre 1950 par les membres du spéléo-club de Dijon. Cette cavité occupée par une rivière souterraine est ouverte au public du printemps à l’automne. Sa visite s’effectue en barque et est commentée.