Envier l’animal – pourquoi

Posté par othoharmonie le 11 février 2014

images (17)


     Le sort des autres animaux paraît plus supportable que celui de l’homme. Examinons de plus près l’un et l’autre. Sous quelques formes variées que l’homme poursuive le bonheur ou cherche à éviter le malheur, tout se réduit, en somme, à la jouissance ou à la souffrance physique. Combien cette base matérielle est étroite : se bien porter, se nourrir, se protéger contre le froid et les intempéries, et enfin satisfaire l’instinct des sexes ; ou bien, au contraire, être privé de tout. Par conséquent, la part réelle de l’homme dans le plaisir physique n’est pas plus grande que celle de l’animal, si ce n’est que son système nerveux, plus susceptible et plus délicat, agrandit l’impression de toute jouissance comme aussi de toute douleur. Mais combien ses émotions surpassent celles de l’animal ! A quelle profondeur et avec quelle violence incomparable son cœur est agité ! pour n’obtenir à la fin que le même résultat : santé, nourriture, abri, etc. Cela vient en premier lieu de ce que chez lui tout s’accroît puissamment par la seule pensée du passé et de l’avenir, d’où naissent des sentiments nouveaux, soucis, crainte, espérance; ces sentiments agissent beaucoup plus violemment sur lui que ne le peuvent faire la jouissance et la souffrance de l’animal, immédiates et présentes. L’animal, en effet, n’a pas la réflexion, ce condensateur des joies et des peines ; celles-ci ne peuvent donc s’amonceler, comme il arrive pour l’homme, au moyen du souvenir et de la prévision : chez l’animal la souffrance présente a beau recommencer indéfiniment, elle reste toujours comme la première fois une souffrance du moment présent, et ne peut pas s’accumuler. De là l’insouciance enviable et l’âme placide des bêtes.

Chez l’homme, au contraire, la réflexion et les facultés qui s’y rattachent, ajoutent à ces mêmes éléments de jouissance et de douleur que l’homme a de communs avec la bête, un sentiment exalté de son bonheur ou de son malheur qui peut conduire à des transports soudains, souvent même à la mort ou bien encore à un suicide désespéré. Considérées de plus près, les choses se passent comme il suit : ses besoins qui, à l’origine, ne sont guère plus difficiles à satisfaire que ceux de l’animal, il les accroît de parti pris dans le but d’augmenter la jouissance : d’où le luxe, les friandises, le tabac, l’opium, les boissons spiritueuses, le faste et le reste. Seul aussi il a une autre source de jouissance, qui naît également de la réflexion, une source de jouissance et par conséquent de douleur d’où découleront pour lui des soucis et des embarras sans mesure et sans fin, c’est l’ambition et le sentiment de l’honneur et de la honte : -autrement dit, en prose vulgaire, ce qu’il pense de ce que les autres pensent de lui. Tel sera, sous mille formes souvent bizarres, le but de presque tous ses efforts qui tendent bien au delà de la jouissance ou de la douleur physiques. Il a sur l’animal, il est vrai, l’avantage incontesté des plaisirs purement intellectuels, qui comportent bien des degrés divers, depuis les plus niais badinages ou la conversation courante, jusqu’aux travaux intellectuels des plus élevés: mais alors comme contre-poids douloureux apparaît sur la scène l’ennui, l’ennui que l’animal ignore, du moins à l’état de nature, car les plus intelligents parmi les animaux domestiques, en soupçonnent déjà les légères atteintes : chez l’homme, c’est un véritable fléau ; en voulez-vous un exemple ?

Voyez cette légion de misérables gens qui n’ont jamais eu d’autre pensée que de remplir leur bourse et jamais leur tête, et pour qui le bien-être devient alors un châtiment, parce qu’il les livre aux tortures de l’ennui. On les voit, pour s’y soustraire, galoper de côtés et d’autres, s’informer avec angoisse des lieux de plaisir et de réunion d’une ville dès qu’ils y arrivent comme le nécessiteux des endroits où il trouvera des secours, – et, en effet, la pauvreté et l’ennui sont les deux pôles de la vie humaine. Enfin il reste à rappeler que dans les plaisirs de l’amour, l’homme a des choix très particuliers et très opiniâtres, qui parfois s’élèvent plus ou moins jusqu’à l’amour passionné. C’est là encore pour lui une source de longues peines et de courtes joies …

Pensées, maximes et fragments, traduction Burdeau. De Schopenhauer   

Publié dans Philosophie de la VIE | Pas de Commentaire »

Le Pouvoir du silence

Posté par othoharmonie le 11 février 2014

images (16)


     »Notre silence intérieur a un pouvoir. Si, au lieu de répondre à la vibration qui nous vient, nous restons dans une immobilité intérieure absolue, nous verrons que cette immobilité dissout la vibration; c’est comme un champ de neige autour de soi, où tous les heurts sont saisis, annulés. Nous pouvons prendre l’exemple simple de la colère; au lieu de nous mettre à vibrer intérieurement à l’unisson de celui qui parle, si nous savons rester immobile au–dedans, nous verrons la colère de l’autre se dissoudre peu à peu, comme une fumée…Seulement, il ne s’agit pas d’avoir un masque impassible et de bouillonner en dedans; on ne triche pas avec les vibrations (la bête le sait bien); il ne s’agit pas de la soi–disant « maîtrise de soi », qui n’est qu’une maîtrise des apparences, mais de la vraie maîtrise, intérieure. Et ce silence peut annuler n’importe quelle vibration pour la simple raison que toutes les vibrations, de quelque ordre qu’elles soient, sont contagieuses, les vibrations les plus hautes comme les plus basses, notons–le; c’est ainsi que le Maître peut transmettre des expériences spirituelles ou un pouvoir à un disciple et il dépend de nous d’accepter la contagion ou non; si nous avons peur, c’est que déjà nous avons accepté la contagion, et donc accepté le coup de l’homme en colère.

    Mais ce pouvoir de silence ou d’immobilité intérieure a des applications beaucoup plus importantes; nous voulons parler de notre propre vie psychologique. Ce vital, nous le savons, est le lieu de bien des misères et des perturbations, mais aussi la source d’une grande force; il s’agit donc – un peu comme dans la légende indienne du cygne qui séparait l’eau du lait – d’extraire la force de vie sans ses complications et sans s’extraire soi–même de la vie.

     Faut–il dire que les vraies complications ne sont pas dans la vie mais en nous–même, et que toutes les circonstances extérieures sont à l’exacte image de ce que nous sommes. Or, la grosse difficulté du vital est qu’il s’identifie faussement à tout ce qui semble sortir de lui, il dit: « ma » peine, « ma » dépression, « mon » tempérament, « mon » désir, et se prend pour toutes sortes de petits je qui ne sont pas lui. Si nous sommes persuadés que toutes ces histoires sont notre histoire, il n’y a rien à faire, évidemment, qu’à supporter la petite famille jusqu’à ce qu’elle ait fini sa crise. Mais si l’on est capable de faire le silence au dedans, on voit bien que rien de tout cela n’est à nous; tout vient du dehors.. Nous accrochons toujours les mêmes longueurs d’onde, nous nous laissons gagner par toutes les contagions. Par exemple, nous sommes en compagnie de telle ou telle personne, nous sommes tout silencieux et immobile au–dedans (ce qui ne nous empêche pas de parler au–dehors et d’agir normalement), tout à coup, dans cette transparence, nous sentons quelque chose qui nous tire ou qui cherche à entrer en nous, comme une pression ou une vibration autour (qui peut se traduire par un malaise indéfinissable), si nous attrapons la vibration, nous nous retrouvons, cinq minutes après, en train de lutter contre une dépression, ou d’avoir tel désir, telle fébrilité – nous avons attrapé la contagion. Et quelquefois, ce ne sont même pas des vibrations, ce sont de véritables vagues qui nous tombent dessus. Il n’est pas besoin, non plus d’être en compagnie pour cela; on peut être seul dans l’Himalaya et recevoir aussi bien les vibrations du monde. Où est « notre » fébrilité, « notre » désir là–dedans ? Sinon dans une habitude d’accrocher indéfiniment les mêmes impulsions.

Sri Aurobindo ou L’Aventure de la Conscience, Buchet Chastel. De Satprem  

Publié dans Noble Silence-Vipassana, Philosophie de la VIE | Pas de Commentaire »

premier discours sur la condition des grands

Posté par othoharmonie le 8 février 2014

bannière


     Pour entrer dans la véritable connaissance de votre condition, considérez- la dans cette image.

     Un homme est jeté par la tempête dans une île inconnue, dont les habitants étaient en peine de trouver leur roi, qui s’était perdu; et, ayant beaucoup de ressemblance de corps et de visage avec ce roi, il est pris pour lui, et reconnu en cette qualité par tout ce peuple. D’abord il ne savait quel parti prendre; mais il se résolut enfin de se prêter à sa bonne fortune. Il reçut tous les respects qu’on lui voulut rendre, et il se laissa traiter de roi.

     Mais comme il ne pouvait oublier sa condition naturelle, il songeait, en même temps qu’il recevait ces respects, qu’il n’était pas ce roi que ce peuple cherchait, et que ce royaume ne lui appartenait pas. Ainsi il avait une double pensée: l’une par laquelle il agissait en roi, l’autre par laquelle il reconnaissait son état véritable, et que ce n’était que le hasard qui l’avait mis en place où il était. Il cachait cette dernière pensée et il découvrait l’autre. C’était par la première qu’il traitait avec le peuple, et par la dernière qu’il traitait avec soi-même.

     Ne vous imaginez pas que ce soit par un moindre hasard que vous possédez les richesses dont vous vous trouvez maître, que celui par lequel cet homme se trouvait roi. Vous n’y avez aucun droit de vous-même et par votre nature, non plus que lui: et non seulement vous ne vous trouvez fils d’un duc, mais vous ne vous trouvez au monde, que par une infinité de hasards. Votre naissance dépend d’un mariage, ou plutôt de tous les mariages de ceux dont vous descendez. Mais d’où ces mariages dépendent- ils? D’une visite faite par rencontre, d’un discours en l’air, de mille occasions imprévues.

     Vous tenez, dites-vous, vos richesses de vos ancêtres, mais n’est-ce pas par mille hasards que vos ancêtres les ont acquises et qu’ils les ont conservées? Vous imaginez-vous aussi que ce soit par quelque loi naturelle que ces biens ont passé de vos ancêtres à vous? Cela n’est pas véritable. Cet ordre n’est fondé que sur la seule volonté des législateurs qui ont pu avoir de bonnes raisons, mais dont aucune n’est prise d’un droit naturel que vous ayez sur ces choses. S’il leur avait plu d’ordonner que ces biens, après avoir été possédés par les pères durant leur vie, retourneraient à la république après leur mort, vous n’auriez aucun sujet de vous en plaindre.

     Ainsi tout le titre par lequel vous possédez votre bien n’est pas un titre de nature, mais d’un établissement humain. Un autre tour d’imagination dans ceux qui ont fait les lois vous aurait rendu pauvre; et ce n’est que cette rencontre du hasard qui vous a fait naître, avec la fantaisie des lois favorables à votre égard, qui vous met en possession de tous ces biens.

     Je ne veux pas dire qu’ils ne vous appartiennent pas légitimement, et qu’il soit permis à un autre de vous les ravir; car Dieu, qui en est le maître, a permis aux sociétés de faire des lois pour les partager; et quand ces lois sont une fois établies, il est injuste de les violer. C’est ce qui vous distingue un peu de cet homme qui ne posséderait son royaume que par l’erreur du peuple, parce que Dieu n’autoriserait pas cette possession et l’obligerait à y renoncer, au lieu qu’il autorise la vôtre Mais ce qui vous est entièrement commun avec lui, c’est que ce droit que vous y avez n’est point fondé, non plus que le sien, sur quelque qualité et sur quelque mérite qui soit en vous et qui vous en rende digne. Votre âme et votre corps sont d’eux-mêmes indifférents à l’état de batelier ou à celui de duc, et il n’y a nul lien naturel qui les attache à une condition plutôt qu’à une autre.

     Que s’ensuit-il de là? que vous devez avoir, comme cet homme dont nous avons parlé, une double pensée; et que si vous agissez extérieurement avec les hommes selon votre rang, vous devez reconnaître, par une pensée plus cachée mais plus véritable, que vous n’avez rien naturellement au- dessus d’eux. Si la pensée publique vous élève au-dessus du commun des hommes, que l’autre vous abaisse et vous tienne dans une parfaite égalité avec tous les hommes; car c’est votre état naturel.

     Le peuple qui vous admire ne connaît pas peut-être ce secret. Il croit que la noblesse est une grandeur réelle et il considère presque les grands comme étant d’une autre nature que les autres. Ne leur découvrez pas cette erreur, si vous voulez; mais n’abusez pas de cette élévation avec insolence, et surtout ne vous méconnaissez pas vous-même en croyant que votre être a quelque chose de plus élevé que celui des autres.

       Que diriez-vous de cet homme qui aurait été fait roi par l’erreur du peuple, s’il venait à oublier tellement sa condition naturelle, qu’il s’imaginât que ce royaume lui était dû, qu’il le méritait et qu’il lui appartenait de droit? Vous admireriez sa sottise et sa folie. Mais y en a-t-il moins dans les personnes de condition qui vivent dans un si étrange oubli de leur état naturel?

     Que cet avis est important! Car tous les emportements, toute la violence et toute la vanité des grands vient de ce qu’ils ne connaissent point ce qu’ils sont: étant difficile que ceux qui se regarderaient intérieurement comme égaux à tous les hommes, et qui seraient bien persuadés qu’ils n’ont rien en eux qui mérite ces petits avantages que Dieu leur a donnés au-dessus des autres, les traitassent avec insolence. Il faut s’oublier soi-même pour cela, et croire qu’on a quelque excellence réelle au-dessus d’eux, en quoi consiste cette illusion que je tâche de vous découvrir.

Trois Discours sur la Condition des Grands par Pascal

Publié dans Philosophie de la VIE | Pas de Commentaire »

second discours sur la condition des grands

Posté par othoharmonie le 8 février 2014

moulin


     Il est bon, Monsieur, que vous sachiez ce que l’on vous doit, afin que vous ne prétendiez pas exiger des hommes ce qui ne vous est pas dû; car c’est une injustice visible: et cependant elle est fort commune à ceux de votre condition, parce qu’ils en ignorent la nature.

     Il y a dans le monde deux sortes de grandeurs; car il y a des grandeurs d’établissement et des grandeurs naturelles. Les grandeurs d’établissement dépendent de la volonté des hommes, qui ont cru avec raison devoir honorer certains états et y attacher certains respects. Les dignités et la noblesse sont de ce genre. En un pays on honore les nobles, en l’autre les roturiers, en celui-ci les aînés, en cet autre les cadets. Pour quoi cela? Parce qu’il a plu aux hommes. La chose était indifférente avant l’établissement: après l’établissement elle devient juste, parce qu’il est injuste de la troubler

     Les grandeurs naturelles sont celles qui sont indépendantes de la fantaisie des hommes, parce qu’elles consistent dans des qualités réelles et effectives de l’âme ou du corps, qui rendent l’une ou l’autre plus estimable, comme les sciences, la lumière de l’esprit, la vertu, la santé, la force.

     Nous devons quelque chose à l’une et à l’autre de ces grandeurs; mais comme elles sont d’une nature différente, nous leur devons aussi différents respects.

     Aux grandeurs d’établissement, nous leur devons des respects d’établissement, c’est-à-dire certaines cérémonies extérieures qui doivent être néanmoins accompagnées, selon la raison, d’une reconnaissance intérieure de la justice de cet ordre, mais qui ne nous font pas concevoir quelque qualité réelle en ceux que nous honorons de cette sorte. Il faut parler aux rois à genoux; il faut se tenir debout dans la chambre des princes. C’est une sottise et une bassesse d’esprit que de leur refuser ces devoirs

     Mais pour les respects naturels qui consistent dans l’estime, nous ne les devons qu’aux grandeurs naturelles; et nous devons au contraire le mépris et l’aversion aux qualités contraires à ces grandeurs naturelles. Il n’est pas nécessaire, parce que vous êtes duc, que je vous estime; mais il est nécessaire que je vous salue. Si vous êtes duc et honnête homme, je rendrai ce que je dois à l’une et à l’autre de ces qualités. Je ne vous refuserai point les cérémonies que mérite votre qualité de duc, ni l’estime que mérite celle d’honnête homme. Mais si vous étiez duc sans être honnête homme, je vous ferais encore justice; car en vous rendant les devoirs extérieurs que l’ordre des hommes a attachés à votre naissance, je ne manquerais pas d’avoir pour vous le mépris intérieur que mériterait la bassesse de votre esprit.

     Voilà en quoi consiste la justice de ces devoirs. Et l’injustice consiste à attacher les respects naturels aux grandeurs d’établissement, ou à exiger les respects d’établissement pour les grandeurs naturelles. M. N… est un plus grand géomètre que moi; en cette qualité il veut passer devant moi: je lui dirai qu’il n’y entend rien. La géométrie est une grandeur naturelle; elle demande une préférence d’estime, mais les hommes n’y ont attaché aucune préférence extérieure. Je pas serai donc devant lui, et l’estimerai plus que moi, en qualité de géomètre. De même si, étant duc et pair, vous ne vous contentez pas que je me tienne découvert devant vous, et que vous voulussiez encore que je vous estimasse je vous prierais de me montrer les qualités qui méritent mon estime. Si vous le faisiez, elle vous est acquise, et je ne vous la pourrais refuser avec justice; mais si vous ne le faisiez pas, vous seriez injuste de me la demander, et assurément vous n’y réussirez pas, fussiez-vous le plus grand prince du monde.    

Trois Discours sur la Condition des Grands par Pascal   

Publié dans Philosophie de la VIE | Pas de Commentaire »

troisième discours sur la condition des grands

Posté par othoharmonie le 8 février 2014

citation facebook image-inde


     Je vous veux faire connaître, Monsieur, votre condition véritable; car c’est la chose du monde que les personnes de votre sorte ignorent le plus. Qu’est-ce, à votre avis, d’être grand seigneur? C’est être maître de plusieurs objets de la concupiscence des hommes, et ainsi pouvoir satisfaire aux besoins et aux désirs de plusieurs. Ce sont ces besoins et ces désirs qui les attirent auprès de vous, et qui font qu’ils se soumettent à vous: sans cela ils ne vous regarderaient pas seulement; mais ils espèrent, par ces services et ces déférences qu’ils vous rendent obtenir de vous quelque part de ces biens qu’ils désirent et dont ils voient que vous disposez.

     Dieu est environné de gens pleins de charité, qui lui demandent les biens de la charité qui sont en sa puissance: ainsi il est proprement le roi de la charité.

     Vous êtes de même environné d’un petit nombre de personnes, sur qui vous régnez en votre manière. Ces gens sont pleins de concupiscence. Ils vous demandent les biens de la concupiscence; c’est la concupiscence qui les attache à vous. Vous êtes donc proprement un roi de concupiscence. Votre royaume est de peu d’étendue; mais vous êtes égal en cela aux plus grands rois de la terre; ils sont comme vous des rois de concupiscence. C’est la concupiscence qui fait leur force, c’est-à-dire la possession des choses que la cupidité des hommes désire.

     Mais en connaissant votre condition naturelle, usez des moyens qu’elle vous donne, et ne prétendez pas régner par une autre voie que par celle qui vous fait roi. Ce n’est point votre force et votre puissance naturelle qui vous assujettit toutes ces personnes. Ne prétendez donc point les dominer par la force, ni les traiter avec dureté. Contentez leurs justes désirs, soulagez leurs nécessités; mettez votre plaisir à être bienfaisant; avancez-les autant que vous le pourrez, et vous agirez en vrai roi de concupiscence.
 

      Ce que je vous dis ne va pas bien loin; et si vous en demeurez là, vous ne laisserez pas de vous perdre; mais au moins vous vous perdrez en honnête homme. Il y a des gens qui se damnent si sottement, par l’avarice, par la brutalité, par les débauches, par la violence, par les emportements, par les blasphèmes! Le moyen que je vous ouvre est sans doute plus honnête; mais en vérité c’est toujours une grande folie que de se damner; et c’est pourquoi il n’en faut pas demeurer là. Il faut mépriser la concupiscence et son royaume, et aspirer à ce royaume de charité où tous les sujets ne respirent que la charité, et ne désirent que les biens de la charité. D’autres que moi vous en diront le chemin: il me suffit de vous avoir détourné de ces vies brutales où je vois que plusieurs personnes de votre condition se laissent emporter faute de bien connaître l’état véritable de cette condition.

Trois Discours sur la Condition des Grands par Pascal   

Publié dans Philosophie de la VIE | Pas de Commentaire »

la clé du changement

Posté par othoharmonie le 6 février 2014

images


    Depuis quarante-cinq ans, j’ai orienté mon parcours autour de cette question : comment se mettre au service de la vie, de la scène même de la vie, cette planète dont la beauté ne cesse de me couper le souffle ? Devant la marche du monde, je ne cesse de me demander comment il est possible que nous ne la voyions pas dans sa splendeur. Pourquoi n’avons-nous aucun émerveillement ? Vue du ciel, la planète n’est pas la mappemonde découpée que nous en avons fait. Nous sommes libres d’organiser le vivre-ensemble comme bon nous semble. Or nous avons eu la bêtise de fragmenter ce qui est par principe unitaire : la planète, le vivant…

La fragmentation met en opposition. Nous sommes toujours dans le dualisme, contre quelque chose. Nous avons aujourd’hui les moyens de détruire trente planètes. Gardons juste de quoi en détruire une ou deux et réinvestissons le reste dans l’invention d’un monde plus humain ! Pourquoi avoir donné une telle importance à l’argent ? Pourquoi avoir élu une pierre brillante pour condamner des humains dans des mines sous terre afin que d’autres se pavanent sous des lustres ? Nous nous sommes créé un microcosme hors-sol dans lequel nous caquetons. Au nom d’une prospérité qui profite au plus petit nombre, combien d’entre nous s’enferment entre quatre murs devant un ordinateur ? Nous nous sommes « surartificialisés », au point d’avoir parfois besoin d’apprendre à respirer… Ce paradigme de l’argent roi m’a poussé à retourner à la terre. Je ne veux pas céder ma part d’émerveillement devant la nature. Le bonheur ne s’achète pas, la joie ne s’achète pas. La joie naît de se sentir en harmonie avec la symphonie universelle. Nous sommes d’abord des êtres humains, et je ne veux pas que l’on m’appelle consommateur !

Le grand changement que nous connaîtrons peut-être est celui qui pourra nous désaliéner de la prétention d’un progrès qui proclame la libération de l’humain alors qu’il l’incarcère. Nous vivons et travaillons dans des structures de verre et de béton, nous nous déplaçons en « caisse » et pour nous divertir, nous allons en « boîte » ! Qu’attendons-nous pour admirer la nature, pour respecter la vie ? Nous sommes interpellés au plus intime de nous-mêmes et devons conserver le libre arbitre de choisir que la vie soit belle. La clé du changement est de remettre l’humain au cœur de nos préoccupations. On ne construit pas seulement le monde sur des structures apparentes, mais sur la puissance de notre subjectivité.

On ratatine l’amour en autant d’expressions qui le ridiculisent : « béguin », « amourette »… Or il est la plus grande force qui puisse exister. Nous ne pourrons construire un monde apaisé qu’en remettant de la beauté et de l’amour dans nos relations, en misant sur la richesse de nos valeurs les plus nobles : l’unité, la solidarité, la convivialité. Commençons par opérer ce changement en nous-mêmes.

Par Pierre Rabhi    

Publié dans Nouvelle TERRE, Philosophie de la VIE | Pas de Commentaire »

La conscience est l’huile qui garde la lampe allumée

Posté par othoharmonie le 6 février 2014

Le gardien de la paix

  par France Fisette

téléchargementLa paix intérieure est un lac calme et paisible où il fait bon ÊTRE tout simplement. Nulle chose extérieure ne peut la déranger.

J’ai essayé de me donner moi-même cette paix en cherchant à l’extérieur de moi dans toutes sortes d’expériences.

À travers ces nombreuses expériences, j’ai vécu des moments de calme mais aussitôt qu’un orage se levait à l’horizon, je perdais mon état superficiel de calme car les fondations de cette paix n’étaient pas solides.

Je poursuivais donc mes recherches afin de trouver cette paix et les mêmes causes produisaient les mêmes effets, c’est-à-dire une recherche extérieure de paix.

Vous savez, il y a un de ces jours où vous vous levez et vous vous dites en vous-même : « c’est assez, j’en peux plus de vivre avec cet état intérieur instable et souffrant. »

C’est ce qui m’est arrivée, j’ai dit un gros NON aux tempêtes émotives et rationnelles, s’en était assez de me laisser subjuguer par ces états de l’égo.

Cet égo qui aime les conflits et la souffrance et qui menait ma vie. J’ai pris conscience que je devais voir en moi les causes qui produisaient ces effets destructeurs dans ma vie.  Cette roue sans fin qui me faisait tourner en rond en produisant les mêmes conflits et les mêmes souffrances.

J’ai donc découvert qu’il y avait un grand « tapage » à l’intérieur de moi, c’est-à-dire les pensées qui s’amusent à me faire croire toutes sortes de peurs ou qui ruminent une histoire du passé me laissant ainsi dans un état d’inconscience du moment présent. Aussi, ces émotions que je n’arrivais pas à vivre et lorsqu’on ne vit pas ses émotions on les projette sur les autres ce qui cause automatiquement de la souffrance et des conflits et l’égo s’en nourrit abondamment.  L’égo menait ma vie, l’égo ÉTAIT l’auteur de tout ce mélodrame.

Tout ce que je vivais était un scénario de passé et de futur sans jamais vraiment vivre l’instant présent. Lorsque j’ai pris conscience que le seul moyen de sortir de cet égo (souffrance et conflits) était d’ÊTRE dans l’ici maintenant, j’ai posté un gardien à la porte de mes pensées et de mes émotions et ce gardien c’est ma conscience qui me dit que rien de tout cela n’est vrai car dans le présent tout est parfait.

Ce gardien est la sagesse, la lumière, la paix, la joie, la prospérité.  Lorsque l’égo (le mal) veut me propulser en dehors du moment présent (dans mes pensées illusoires) je me pose la question suivante : « Est-ce que cet événement est réel dans mon présent » et la réponse est à 99.9 % NON, je reviens donc immédiatement dans l’ici et maintenant.  Je ne nourris donc aucunement ces peurs, je ne fais que les observer et ainsi je reste dans un état de paix profonde qui est une sensation de vide et de plein en même temps.

Plus je suis à l’écoute de mon intérieur et plus je me sens bien.  Je ne ressens plus le besoin de chercher la paix (Dieu), je l’ai trouvé. Elle était derrière la porte de mes pensées et mes émotions. Je ne renie aucunement mes émotions et mes pensées au contraire je les écoute sans jugement, ni reproche et j’accepte qu’elles sont là. 

Les émotions doivent être reconnues et non reniées.  Il est très important de les vivre, de les accepter. Une journée je ressentais de la colère à l’intérieur de moi face à l’attitude d’une personne et j’ai reconnu et accepté cette colère et j’ai observé ma colère sans la nourrir en ruminant l’événement qui s’était produit car à ce moment les pensées prennent possession de l’émotion et là OUPS, de retour dans l’inconscience, le moment présent n’existe plus sauf cet événement passé.  C’est pourquoi il est important d’être à l’écoute pour essayer de reconnaître une émotion dès qu’elle se présente sinon le mental en prendra possession et là un perroquet apparaîtra dans vos pensées et répétera le même discours jusqu’à ce que vous lâchiez prise.

Avez-vous déjà pris le temps de juste observer la vie qui se passe en vous, le tourbillon de pensées et d’émotions qui nourrit l’égo et étouffe l’ÊTRE que vous êtes.  Soyez seulement l’observateur et tout cela s’arrêtera tout seul vous verrez et vous pourrez vivre dans l’éternel présent qui est la vie. Le passé était un moment présent et le futur sera un moment présent alors pourquoi vouloir vivre ou revivre un moment présent qui n’existe pas?  La vie est ici et maintenant, habitez votre être et votre corps au lieu de votre tête et vous serez en paix!

 

France Fisette
Pour suggestions ou commentaires écrivez-à :

ffisette@videotron.ca

Publié dans Philosophie de la VIE | Pas de Commentaire »

la simplicité volontaire

Posté par othoharmonie le 29 janvier 2014

téléchargement (7)


     »La simplicité volontaire, pour sa part, est une voie qui convient à ceux qui ont connu la surconsommation, ont pris conscience de ses effets et choisissent de retourner à l’essentiel.

    Il ne faut pas confondre simplicité volontaire et pauvreté; cette dernière vient de circonstances  qui sont imposées et la condition qui en résulte est pénible. Quand on choisit volontairement de vivre sobrement, il en va tout autrement. On ne vit pas de frustration, puisqu’on ne se prive pas d’un bien, mais on choisit plutôt de le remplacer par autre chose qui apporter davantage. Ce dépouillement laisse plus de place à la conscience; c’est un état d’esprit qui convie à apprécier, à savourer, à rechercher la qualité; c’est renoncer aux objets qui alourdissent, gênent et empêchent d’aller au bout de ses possibilités. « Ce n’est pas la richesse qui fait obstacle à la libération, mais l’attachement à la richesse; ce n’est pas non plus le plaisir que procurent les choses agréables qui est condamnable, mais le désir ardent de les obtenir, « écrit Schumacher (1).

    La simplicité volontaire, quand elle entraîne la non-utilisation ou la non-possession de quelque chose, implique un choix: ne pas adopter tel comportement ou ne pas acheter tel objet implique un autre choix qui procure aussi une satisfaction, ne serait-ce que celle d’être fidèle à ses principes et aux engagements qu’on s’est donnés.

    Choisir de ne pas utiliser tel service, de ne pas céder à telle mode, de consommer autrement et à moindre coût, tout cela relève d’actes de lucidité et de conscience et non de la fatalité. de toute façon, quand on s’engage volontairement sur cette voie alors qu’on sait qu’on pourrait faire autrement, on domine la situation au lieu d’être dominé par elle. Si la direction que l’on prend ne convient plus à un certain moment, il y est toujours possible de la rectifier. Ce n’est pas une décision irrévocable, relevant d’un radicalisme qui interdit quelque concession que ce soit ou d’une règle rigide de laquelle on ne peut jamais déroger. La simplicité volontaire et un chemin sur lequel on s’engage peu à peu, duquel on s’écarte parfois sans se morigéner; un chemin qu’on poursuit parce qu’il nous mène là où nous voulons aller, parce qu’il nous satisfait.

    Simplicité n’est pas non plus ascétisme; c’est même presque son antithèse. L’ascète se prive volontairement des plaisirs de la vie matérielle dans sa recherche d’une vie spirituelle plus intense: l’adepte de la simplicité volontaire ne fuit pas le plaisir ou la satisfaction, au contraire puisqu’il cherche à s’y épanouir pleinement, mais il a compris qu’il ne peut arriver par les voies que lui offre la société de consommation. « 

La simplicité volontaire, plus que jamais, Montréal, Ecosociété, p.235-236. de Serge Mongeau   

Publié dans Chemin spirituel, Philosophie de la VIE | Pas de Commentaire »

éradication de l’arbre de la peur

Posté par othoharmonie le 24 janvier 2014

téléchargement (1)


Entretien entre l’observateur et l’être

L’observateur :

De mon point de vue, il me semble que la peur est une émotion viscéralement enracinée en moi.

L’être :

Je te propose d’assimiler la peur à un arbre comprenant de multiples racines, certaines récentes, d’autres très anciennes, venant nourrir de nombreuses branches et offrir autant de fruits, plus ou moins mûrs, plus ou moins véreux. Tu peux ainsi percevoir la nature polymorphe de la peur et toutes les faces qu’elle peut prendre.

Même si en tant qu’ego-observateur de la chose observée, tu connais de multiples peurs, une seule peur-racine est en réalité au cœur de l’arbre de la peur et elle est nourrie en permanence par tes pensées et tes désirs (ta nature propre), tes idées et tes conditionnements liées à ton histoire, ton vécu, tes identifications, tes images, tes rôles sociaux et familiaux. Le socle de l’ego-observateur que tu exprimes est la sève même de l’arbre de la peur.

Tu es cette racine-mère !

L’arbre de la peur donne à voir des émotions (branches) effectivement nées de racines ancestrales pré-enregistrées dans la structure corticale du cerveau : peur de mourir, peur d’être noyé, peur du feu, peur de l’éclair, peur de la nuit noire… Ces émotions pré-programmées sont solidement ancrées dans l’homme et déterminent notamment les réflexes immédiats de survie face à un danger imminent. Ces peurs-là sont viscéralement installées en toi en tant que mémoires archaïques prêtes à être activées à la première alerte d’agression externe. D’autres racines liées des situations sensorielles physiques, à l’inconnu ou à l’imaginaire vont développer des nutriments et nourrir ainsi des branches de peurs fondées sur l’illusion, la croyance, la subjectivité.

Ces racines et branches génèrent des fruits que l’on peut assimiler à des réactions nées des peurs et que tu mets systématiquement en place.

Concernant les fruits les plus  » pourris « , on peut facilement les identifier. Il s’agit de: la culpabilité, la dévalorisation narcissique, la colère, l’inhibition, l’opposition, la fuite, le combat, la violence, la guerre, le fanatisme… Le constat est là : toute peur de quelque nature qu’elle soit, qu’elle soit physique ou psychologique, peur d’être violenté, d’être agressé, d’être blessé ou de blesser moralement, peur de la solitude, peur de perdre quelque chose, ses biens, son emploi, son prestige, son image de marque ou quelqu’un, sa femme, ses enfants, ses parents, peur de manquer, de nourriture, de temps, peur d’être abandonné, de ne plus être reconnu, peur de ne plus être aimé, engendre ces fruits-là.

L’observateur : Qu’est-ce donc que la peur en réalité ?

L’être :

La peur est une réaction, un scénario créé de toutes pièces par toi-même en réponse à une situation de stress qui peut risquer de déstabiliser ta sécurité physique et/ou psychologique.

L’arbre de la peur se résume donc à une énergie polymorphe se traduisant par une série d’émotions fortes et intenses générant des réponses corporelles et réactives, une sonnette d’alarme qui se déclenche, suite à une menace semblant imminente, un corpus  » parlé  » de l’intérieur psycho-physiologique pour protéger ta sécurité et veiller sur ton intégrité physique.

L’observateur : Je serais donc moi-même l’arbre de la peur. Ne suis-je donc qu’un être pensé et non un penseur libre ?

L’être :

Nous y arrivons.

Un être pensé ? Non, certainement pas, car l’être est au-delà de la pensée. Une entité pensée ou une existence pensée, oui.

Par  » corpus parlé  » j’entends l’ego, l’observateur tronqué, filtrant toute son existence, passant au crible toute son existence à travers ses conditionnements personnels… En fait, le corpus  » parlé  » est le langage de ta personne, tout ce qui est généré par tes croyances-pensées-images-désirs-émotions, c’est-à-dire en réalité par ce  » tout toi-même « .

Il s’agit là de ton auto-construction névrotique dont le fonctionnement est répétitif, compulsif, quasiment inconscient, du moins dépourvu de conscience non duelle. L’ego est ta propre construction, ce disque pré-formaté qui te parle, Tu es en effet ton propre langage et c’est ce langage parlé qui te manipule, t’oriente dans les choix, t’impose ses peurs, ses croyances, qui te pense, qui te dicte ses volontés, qui te dit ce que tu dois ou ne pas faire, qui ne te consulte pas, qui agit de sa propre autorité. Tu es tel Pinocchio, un pantin de bois, sans vie mais existant, dont les fils sont tenus par les mains de Gepetto, l’ego.

L’arbre de peur n’est donc que ta propre construction, rien de plus, rien de moins. Il a une existence puisque tu lui donnes cette existence mais il n’a pas d’êtreté. Il existe tant que  » toi  » existes, et meurt avec l’émergence de l’être qui est libre et dépouillé de toute dépendance.

Au fil des années, tu as édifié ainsi les murs de ta propre prison. Cependant, la forteresse du moi peut se fissurer. Nous aborderons cette question.

Ton fonctionnement égotique est toujours le même, que tu vives ici en France, en Asie ou en Afrique. Il se réplique à l’infini et à satiété avec les mêmes symptômes. En situation de péril imminent, l’observateur que tu es met en place ipso facto, comme par réflexe  » parlé  » et compulsif inconscient, une observation conditionnée, ce qui génère les trois réponses les mieux appropriées pour  » te tirer à bon compte  » de ce risque majeur pour ton équilibre personnel: fuite, combat ou inhibition. Tu auras à faire le choix entre ces trois possibilités. Choix est un grand mot car en fait, il n’y a pas de choix.  » Tu  » n’as pas vraiment le choix. De toute autorité, sans conscience réelle et sans lucidité  » face à ce qui est, tu réagis et imposes une tactique d’affrontement face à la peur contractée par ta propre chaîne égotique.

Il fait nuit. Tranquillement installé dans le fauteuil du salon, tu lis la revue du 3ème Millénaire, absorbé dans cette lecture passionnante, dans la chaleur d’un feu de cheminée. Tout est réuni pour être dans un état de quiétude et de joie… Tu es seul et soudain, un bruit sourd retentit, pas très loin, à deux pas…. Le cœur battant, les muscles tendus, les mains moites et la respiration haletante, tu ne peux plus bouger. Tes sens sont en alerte : l’oreille tendue, l’œil tournoyant de la pièce à ce couloir d’où semble venir le danger… Puis en l’espace de quelques secondes, tu constates (visuellement) qu’une lampe a été renversée par ton chien pas très loin de toi. Tes muscles se détendent, ta respiration retrouve sa fluidité, ta gorge se dénoue… Te voilà sauvé, soulagé, prêt même le temps d’une seconde à crier inutilement après ce pauvre chien tellement tu as eu peur. Sécurisé, tu reprends ta lecture. Tu redeviens présent à l’instant, à ta lecture, à ton environnement. Tu souris. Tu perçois même les crépitements du feu dans le foyer, alors même qu’il y avait quelques secondes tu ne les entendais plus. Le bon sens a remplacé l’imagination. La réalité objective et sensible a balayé cette peur infondée, basée sur une impression virtuelle d’agression dans laquelle t’avait  » embarqué  »  » ton ego et t’avait éloigné un moment de l’instant, du présent à ce qui est.

Pourtant, pendant un bref instant, la peur a glacé ton sang comme si c’était ta dernière heure, et ce qui est s’était transformé en  » ce qui pourrait être « , ce que  » je crois être « …

Voilà comment tu fuis ce qui est et comment un simple bruit sourd t’a éloigné de la présence.

L’observateur : Comment fonctionne la circulation d’informations-réactions ?

L’être :

La plupart du temps, passé l’instant de la première mise en alerte, tu peux être ou non en mesure d’analyser rapidement la situation. Si le danger est confirmé, tu peux être tenté de fuir, de te cacher ou même de lutter lorsque la confrontation s’avère inévitable. Ce mécanisme de défense est d’autant plus efficace que tu mémorises durablement les évènements vécus et que tu veilleras par la suite à ne pas te retrouver dans une situation similaire. Te faire mordre, par exemple, par un chien enracine la peur profondément dans ta mémoire, vif souvenir qui te tiendra à distance de tout autre chien pendant un certain temps.

Le serpent de Joseph Ledoux (1994) illustre également bien l’action de ce circuit information – traitement – réponse. Tu marches tranquillement dans un bois et tout à coup tu vois ce qui te semble être un serpent. La voie courte va activer une réponse quasi-immédiate de ta peur. Tu vas avoir peur. Soit tu t’échappes en courant, soit tu vas chercher à combattre ce  » serpent  » imaginaire, soit tu restes pétrifié, figé devant  » l’animal dangereux  » virtuel. Par la voie longue, après une courte latence, l’information arrive à ton cortex visuel (lobes occipitaux) puis à ton cortex sémantique (lobes temporaux). Alors que le cortex visuel ne fait que percevoir et traiter l’objet en question en tant que forme dépourvue de  » nature « , le cortex sémantique traite l’objet et lui donne du sens, un sens qui peut être réel (c’est un serpent sans aucun doute) pour toi, ou imaginaire (mais non voyons, ce bâton est un serpent !), en tous cas un sens qui vienne te réconforter.

S’il s’agit bel et bien d’un serpent, ton cortex visuel renforcera l’action amygdalienne et maintiendra les réponses corporelles de fuite, de combat ou d’inhibition. S’il s’agit d’un bâton, l’action amygdalienne est freinée et les réponses corporelles s’estompent, attendu qu’en tant qu’observateur tu as pu te raisonner et faire acte de lucidité.

L’action amygdalienne a essentiellement un rôle de survie : il vaut mieux prendre le bâton pour un serpent et agir en toute sécurité plutôt que de risquer de prendre un serpent pour un bâton. N’est-ce pas ?

L’observateur : Pourquoi ai-je peur ?

L’être :

Pourquoi as-tu peur ? Du géranium au crabe, du poisson à la girafe, tu partages cette énergie d’émotion avec toutes les formes sensibles de la création. La peur, émotion ancestrale qui s’apparente à un réflexe de réaction face à une insécurité d’ordre vital, vient de la nuit des temps, remarquablement bien conservée dans ton cerveau par l’évolution au fil des millénaires. Elle offre aux espèces un moyen d’adaptation à leur environnement, par exemple typiquement en fuyant un prédateur, et joue ainsi un rôle fondamental pour leur survie. Elle prévient du danger, étant alors salutaire dans ce cas. Que ta peur soit panique ou petite frayeur, elle est chez toi tout en nuances et ne s’exprime pas seulement dans des situations dangereuses pour ta survie. Elle accompagne aussi ton quotidien dès que ta sécurité ou ton bien-être sont compromis. C’est bien souvent l’estomac noué que tu affrontes la solitude, la peur de mourir, l’inconnu, l’étranger, les araignées, les bandes de  » voyous  » circulant la nuit, l’obscurité dans une cité, la nuit dans le métro ou dans cette rue déserte, un entretien délicat ou tout simplement encore un discours à tenir en public.

Ta peur est partout et les ramifications et fruits de son arbre sont si multiples et variés.

L’observateur :La peur ne se résumerait donc qu’à une simple circulation entre une stimulation sensorielle et l’amygdale ?

L’être :

Le processus de circulation et d’installation du fonctionnement de la peur dans tes corps physique, émotionnel et mental, est bien plus complexe. On peut parler de véritables chemins de la peur.

     Les physiologistes ont en effet établi que l’énergie de peur prend naissance dans le cerveau au niveau de l’amygdale. Comme tu peux le constater, cette énergie peut envahir ton corps suite à une information sensorielle inattendue, un bruit sourd et inconnu, une couleur inattendue, une odeur bizarre, une ombre furtive ou une agression, un viol ou des coups… En quelques fractions de seconde, le message d’alarme est acheminé dans les profondeurs du cerveau jusqu’au système limbique, dénommé le cerveau des émotions. Là, dans cette petite structure appelée amygdale va naître l’énergie de peur. On a pu scientifiquement constater qu’une lésion de cette région suffit à supprimer la peur chez quelques patients, ce qui tendrait à prouver que cette glande est le pivot central qui gère le processus d’apparition de l’énergie de peur. Vers elle convergent les deux voies cérébrales qui signalent le danger et qui ont été abordées ici. Quant au bruit sourd qui m’a subitement arraché à ma lecture au coin du feu, faut-il réellement m’en inquiéter ? L’ai-je déjà entendu auparavant ? Et dans quel contexte ? Je vais donc plonger dans mes souvenirs. La voie longue, lente et élaborée va répondre au « justement possible » à ces questions. Elle dirige dans un premier temps l’alerte sensorielle vers le cortex qui attribue un sens au bruit, un claquement de porte ou la chute d’un objet par exemple, puis vers l’hippocampe qui fouille dans la mémoire à la recherche d’une situation similaire déjà vécue. Toutes ces informations confluent enfin dans l’amygdale.

      Ces deux voies se déroulent simultanément. Si finalement, la situation ne se révèle pas aussi dangereuse que le craignait mon instinct, le cœur cesse de s’emballer et j’en suis quitte pour une jolie petite frayeur. Si la peur est  » justifiée « , le système limbique, par l’intermédiaire de l’hypotalamus est alors activé. Il en résulte une excitation des glandes surrénales, émission de sécrétions hormonales dont la représentante la plus connue est l’adrénaline… Cette émission hormonale ne vise qu’à mobiliser l’organisme afin qu’il puisse répondre du mieux possible à l’agression rencontrée. Ces réponses s’expriment ainsi: le cœur se met à battre plus vite, la pression sanguine augmente et la respiration s’accélère rapidement. Le taux de glucose dans le sang s’élève, ce qui a pour effet de distribuer au cerveau et aux muscles davantage d’énergie pour faire face à la situation.

     Par conséquent, tes muscles se tendent, prêts à la course, à l’attaque ou à la paralysie, les jambes tremblent, tandis que ton système digestif, bien moins indispensable en pareille circonstance, ralentit. Par ailleurs tes pupilles se dilatent, témoignage de l’accroissement de ta vigilance ou plutôt de ta concentration. Tous ces organes qui s’activent simultanément produisent de la chaleur. Par conséquent et pour limiter toute surchauffe de l’organisme, la transpiration augmente, faisant parcourir l’échine de longs frissons et humidifiant les mains…

     Tous ces chemins de la peur t’appartiennent. Ils incarnent le mécanisme d’apparition de la peur en toi et de toutes tes réponses à celle-ci.

      Tu es donc l’observateur  » parlé « , le créateur de ta propre peur et en même temps le concepteur et la sève de l’arbre de la peur.

L’observateur : C’est donc ma propre nature égotique qui a donné vie à cet arbre de la peur et le nourrit en permanence. Je ne pourrai donc pas y mettre fin puisque  » je suis la peur « .

L’être :

Effectivement, tu es ce que tu bâtis. Ainsi l’observateur ego est-il la chose observée elle-même. Tu es ta propre création mais tu ne peux être ta propre dé-création.

L’éradication de l’arbre de la peur ne peut en effet résulter de ton action car tu es fondamentalement de nature réactive et compulsive. Aussi es-tu noyé dans l’océan tumultueux de tes chaînes de pensées et de désirs compulsifs… Les peurs se succèdent à une allure vertigineuse et se répliquent ainsi par toi-même depuis la nuit des temps. Tu es à la fois le véhicule, le moteur et le carburant mais la vraie conduite n’est pas réalisée par toi, même si tu t’es identifié illusoirement au conducteur… Mais comme tout véhicule, l’usure se fait sentir tôt ou tard et l’abandon de l’autorité et de la toute puissance de l’ego liée à la forme se produit un jour.  » Le conducteur  » (l’observateur) quitte l’identification à cet arbre-là de la peur et celui-ci s’effondre de lui-même, n’étant plus sustenté ni par les racines alors en putréfaction ni par les branches alors dévitalisées…

L’observateur : La peur peut-elle être engendrée par l’imagination ?

L’être :

Ton imagination est l’essence même de l’ego-observateur. Elle est fertile par nature. Aussi étant enfant vois-tu une forme de loup dans l’obscurité de ta chambre alors que ce n’est qu’un simple vêtement posé sur ton lit. Etant adulte, tu as peur d’une explosion atomique alors qu’un avion proche vient de franchir le mur du son. Cet homme à l’air patibulaire que tu vas croiser sous ce porche dans l’obscurité va certainement t’attaquer. Tu changes de trottoir !

L’imagination joue sa partition sur le registre de l’émotion, engendre une crainte, voire une frayeur ou une terreur-panique. Il suffit de crier  » alerte à la bombe  » dans le hall d’une gare ou  » Il y a le feu dans l’immeuble  » pour te voir saisi par la peur. Que s’est-il passé en réalité ?

Ton mental s’est approprié cette information et l’a chargé de sens. Le langage du mental qui te caractérise est essentiellement sémantique. En tant qu’ego-observateur tu ES langage et représentation mentalo-sensori-motrice.

L’observateur : Ne suis-je donc qu’une création mentale ? Une existence illusoire ?

L’être :

Sourires… Espérais-tu être autre chose ? Tu existes vraiment, tout comme ta peur existe mais elle n’est pas ! Exister est une chose, être n’est pas une chose.

Le langage existe mais n’est pas, de par le simple fait de sa nature de concept  » sur  » la vie. Un concept sur la vie n’est pas la vie. Le mot traduit (d’ailleurs bien incomplètement) la chose qu’il cherche à représenter ou à symboliser, mais n’est pas cela. Le symbole est-il l’essence de l’être ou sa représentation ? La peur est un concept, un leurre, une fantaisie créée par l’ego. De même, le langage qu’est l’ego ne peut tout au plus qu’émettre un parfum bien ténu de l’être.

Effectivement, tu es ce que tu penses, ce que tu ressens, ce que tu crois, ce que aimes ou détestes. Tu es ta peur, tu es ta représentation du monde. Tu es cette existence existant sans êtreté, enchaîné aux modèles pré-formatés de la forteresse de l’ego cimentée par les mémoires, l’histoire, les acquis, les images, les mots, les émotions… dont les murs sont si épais qu’aucune lumière ne peut y pénétrer. Une forteresse érigée sur du sable, prête à s’écrouler, alors même qu’à chaque pan de mur qui s’effondre je me hâte de le reconstruire inlassablement. Que d’énergie gâchée !

L’ego est création mentale. Comment pourrait-il en être autrement ? Tu es une construction pensée sans aucun penseur libre acteur de son propre changement.

Ecoute plutôt ce qui se passe lorsque tu es envahi par l’énergie de peur. Tu voyages en avion au-dessus de l’Atlantique. Tu entends à mots couverts les mots suivants:  » Il paraît qu’un attentat à la bombe est possible en cette période de terrorisme international « . Ces mots résonnent comme un écho insoutenable à l’intérieur de toi. Tu te remémores soudain cet accident inexpliqué de la semaine dernière au-dessus d’un aéroport européen. Les chemins de ton imaginaire se sont tracés d’eux-même une voie dans laquelle la frayeur va s’engouffrer. Il n’en faut pas plus pour que la panique te gagne. Ton avion va exploser. Ca ne fait aucun doute. Il faut que j’envoie vite un message à mes proches pour leur dire combien je les aime. Tu sors la photo de ta famille, envoie un SMS à ta femme…

Que s’est-il passé ? Sentant un danger immédiat, ton ego s’est mis sur le champ en mouvement, a puisé avec la rapidité de l’éclair dans tes mémoires et bases de données corticales, les informations nécessaires à la compréhension-interprétation de ce qui est en train de se passer… alors même que rien ne s’est encore passé !

Très rapidement, tu échafaudes un scénario, un plan de fuite, de combat ou d’inhibition, tout cela simplement à partir de quelques mots identifiés comme représentant un risque majeur d’atteinte à ta sécurité physique.

Tu constates alors que tu n’es que réaction.

Montée d’adrénaline, empoisonnement énergétique des glandes endocrines, paralysie et ou sur-activation des réseaux de libre circulation physico-chimique et ethérique de tes corps (physique et autres). Néanmoins, cette réaction va produire une vent de panique, accompagnée des ingrédients habituels (les fruits de l’arbre de la peur) propres à la terreur : réactions de violence, d’agressivité, d’inhibition ou de prostration, voire réaction de contrôle du stress dans le meilleur des cas et de gestion lucide de la situation.

On a déjà vu des personnes conserver leur sang-froid, sortir de leur egocentrisme, mobiliser leur énergie à sauver d’autres personnes… Durant quelques instants, l’observateur s’est effacé de l’avant-scène, son autorité est tombée. L’énergie de peur s’est  » transmutée  » en énergie de courage… Les fruits de cet arbre-là se nomment alors: lucidité, perception immédiate, calme, sagesse, action juste. Bien évidemment, il ne s’agit plus de l’arbre de la peur, ici écroulé un instant, mais bien de l’arbre de l’être non soumis à l’autorité et à la toute-puissance de la peur égotique. Cette dernière est momentanément suspendue et se retrouve reléguée à l’arrière-scène.

Le constat habituel est que, du seul point de vue de la conscience égotique, toute peur s’évanouit avec la connaissance et la mise en lumière des causes qui l’ont engendrées, mais elle ne disparaît pas pour autant de l’arrière-plan. En effet, ce n’était qu’une fausse alerte.  » Ouf ! j’ai eu peur. Je l’ai échappé belle « .

Que se passe-t-il en réalité ?

La sécurité physique et psychologique étant sauvegardée, l’énergie de peur continue à traverser l’observateur mais n’impose pas d’installation dans la conscience. Il n’y a pas de  » saisie  » de la part de cette émotion de peur qui transperce alors l’ego en se mettant quelques temps dans l’ombre de l’avant-scène du plan conscient duel de la pensée. La lumière de la conscience non duelle passe à l’avant-scène et ne permet pas cette  » saisie « . La peur est toujours là, néanmoins, derrière le voile. Elle s’est temporairement retirée de la conscience, mais elle veille, pas très loin, prête à resurgir à la première occasion dès que ma vigilance et ma présence à l’instant s’émoussent.

L’observateur : Puis-je être libre de toute peur ? Puis-je décréer ce que j’ai créé ?

L’être :

La mouche prise dans la toile d’araignée et terrorisée à l’idée d’être dévorée peut-elle s’en libérer ? Avec un peu de chance…

Seule la mort la libérera de sa peur, c’est certain. Sourires.

N’en va-t-il de même avec l’observateur ?

Tant que l’observateur  » observe  » la chose observée à l’extérieur de sa propre création, tant que la vision duelle est le mode de fonctionnement de la conscience, aucune liberté n’est possible.

Il n’y a pas de différence entre l’observateur (l’ego) et la chose observée, comme il n’y a pas de différence entre celui qui crée (l’ego) et la chose créée (la peur). L’un alimente et nourrit l’autre et vice et versa.

Le  » Je  » auquel tu es identifié, ne peut donc mettre fin à la peur. Il ne peut s’en défaire ni en être libre.

 » Je suis le monde  » nous dit Krishnamurti. Je suis donc la peur, tout comme  » je suis  » l’amour, la joie, la haine… Je suis cela même que je génère.

L’observateur : Même si je veux être libre de toute peur, je ne peux donc l’être puisque ma nature est peur ?

L’être :

C’est tout à fait cela.

La liberté, de quelque nature qu’elle soit, n’est pas affaire de volition ni de souhait, de volonté ou de désir personnels car elle ne concerne pas la personne. Le masque reste un masque. Mais qui est donc derrière le masque ? N’est-ce pas cela la vraie question ?

L’ego peut-il répondre ou même seulement envisager cette question ?

La liberté ne surgit qu’avec l’attention à ce qui est et l’ego est tout ce que tu veux être sauf attention et vigilance à ce qui est.

Lorsque la conscience née d’un regard déconditionné pointe vers l’Un, il se produit un transfert de cette conscience en la présence non duelle à ce qui est. La peur peut alors circuler et  » l’ultime-je  » en est totalement libre, car l’énergie de peur ne trouve pas de sphère, de corpus, de coque en lesquels elle peut se poser.

L’observateur : Puis-je entrer en contact avec la peur et l’observer ?

L’être :

Entrer en contact avec la peur, c’est tout d’abord, l’accueillir et non la rejeter comme quelque chose que tu cherches à fuir, quelque chose dont tu dois à tous prix te débarrasser.

Mais  » qui  » va entrer en contact avec la peur ? Est-ce le censeur, le contrôleur, l’analyste ? Si tel est le cas, le regard sera faussé, travesti, erroné et aucun changement radical à 180° ne se produira. La peur sera toujours là. Elle sera comprise intellectuellement, raisonnée, contrôlée mais elle sera toujours là, tel un poison.

Il te faut renoncer à la rejeter ou à la raisonner. Le mental ne peut être évidemment pas le bon partenaire pour entrer en contact avec la peur.

Il ne s’agit pas d’observer la peur car observer c’est séparer l’observateur de la chose observée. Or les deux sont la même entité !

Il s’agit d’être à l’écoute active de la peur. Mais cette écoute active n’est pas le fait du mental ou de l’intellect, ces deux instruments-là étant réactifs et non actifs. Un instrument n’est qu’un instrument. Est-il possible de te rendre sur Vénus ou Mars en TGV ? De même, le mental est un outil limité à son propre champ d’investigation et ce champ-là répond parfaitement aux besoins de l’ego: analyse, satisfaction des désirs, émissions des pensées, des idées, des concepts, stockage des mémoires, etc.…

Mais sommes-nous ici sur le même plan d’investigation ?

L’observateur : Qu’est-ce qu’écouter ? Dois-je faire un effort ?

L’être :

Écouter ne demande aucun effort. Tout effort implique un conflit entre deux voies opposées et écouter est justement la voie non duelle, bien que le terme de  » voie  » ne soit pas ici bien appropriée. Tout effort éloigne de l’être et renforce les chaînes de l’ego.

Écoute la peur ! Elle te confie ses secrets et contient les modalités de sa propre éradication. Seras-tu à l’écoute ou sourd à son discours ? Elle te parle. Elle exprime tel un symptôme extérieur, ce qu’elle est  » en interne « . Entre donc dans la peur sans peur et laisse-toi pénétrer par cette énergie.

N’aie aucune crainte à l’accepter. Tu as plus à craindre de l’analyse de la peur que de l’énergie de la peur brute elle-même.

Pour une fois, regarde (non pas observe ou analyse) comme si c’était la première fois que tu regardais comment la peur se manifeste. Vois les circuits qu’elle emprunte, les émotions qu’elle fait resurgir en toi. Écoute ce qu’elle te dit, la part d’imagination dans laquelle elle cherche à t’emmener, les sueurs froides qu’elle génère dans ton corps, les accélérations cardiaques qu’elle déclenche, les émotions qu’elle suscite, mais surtout ne fais que regarder d’une vision globale, uniciste, sans te laisser récupérer par l’énergie duelle du mental analytique, sans t’attarder sur tel ou tel aspect, telle ou telle facette de la peur. Ta vision doit être holistique, sans quoi le mental récupère ta conscience et une partition dualiste se rejoue encore.

Regarde le déploiement de l’arbre tout entier de la peur. Savoure les fruits, jouis de ses parfums, de ses senteurs, de ses émanations… Regarde avec joie tous ses chemins, directs et dérivés, toutes les traverses qu’elle emprunte, tous les obstacles qu’elle prend plaisir à dresser devant ta conscience.

Ton regard sur la peur doit être total et embrasser d’un seul regard toutes ses créations, toutes ses racines.

A un certain instant, ce n’est plus la peur que tu regardes. Tu ne regardes plus rien. Tu deviens regard. Ton regard  » doit être  » désintéressé de tout résultat. Tu n’es que regard. Tu n’es que présence à ce qui est et ce qui est est là. Il n’y a rien d’autre à  » faire  » car être n’est pas faire, attendre ou vouloir. Aucun changement n’est envisagé. Le regard est lui-même son propre changement. Écouter est un art. Écoutes-tu ? La liberté est écoute à ce qui est.

Dans l’écoute, la peur traverse l’être mais ne s’installe pas car il n’y a pas de lieu d’installation. Il n’y a personne pour se l’approprier. A cet instant-là, la peur n’est qu’énergie au même titre que toute autre énergie. Tu n’es que regard sans personne pour regarder. Quand la peur te traverse sans t’habiter et que le regard est présent, tu es joie.

L’observateur : Une dernière question. Il y a quelques temps, un de mes amis s’est retrouvé accidentellement devant un alligator. Il s’est enfui à toutes jambes. Était-ce de la peur ?

L’être :

Rires. C’était de l’intelligence !

Écrit par Serge Pastor 

Publié dans LECTURES Inspirantes, Philosophie de la VIE | Pas de Commentaire »

les couleurs sont des « vécus

Posté par othoharmonie le 24 janvier 2014

images (3)   


    « Le bleu semble « céder à notre regard » dit Goethe. Au contraire, le rouge « s’enfonce dans l’oeil » dit encore Goethe. Le rouge « déchire », le jaune est « piquant » dit un malade de Goldstein. D’une manière générale on a d’un côté avec le rouge et le jaune « l’expérience d’un arrachement, d’un mouvement qui s’éloigne du centre », d’un autre côté avec le bleu et le vert celle du « repos et de la concentration ». [...]

La couleur, avant d’être vue, s’annonce alors par l’expérience d’une certaine attitude du corps qui ne convient qu’à elle et la détermine avec précision : « il y a un glissement de haut en bas dans mon corps, ce ne peut donc pas être du vert, ce ne peut être que du bleu ; mais en fait je ne vois pas de bleu » dit un sujet. Et un autre : « J’ai serré les dents et je sais par là que c’est du jaune ». Si l’on fait croître peu à peu un stimulus lumineux à partir d’une valeur subliminale, il y a d’abord expérience d’une certaine disposition du corps et soudain la sensation se continue et « se propage dans le domaine visuel ». [...]

Ainsi avant d’être un spectacle objectif la qualité se laisse reconnaître par un type de comportement qui la vise dans son essence et c’est pourquoi dès que mon corps adopte l’attitude du bleu j’obtiens une quasi‑présence du bleu. Il ne faut donc pas se demander comment et pour quoi le rouge signifie l’effort ou la violence, le vert le repos et la paix, il faut réapprendre à vivre ces couleurs comme les vit notre corps, c’est‑à‑dire comme des concrétions de paix ou de violence. Quand nous disons que le rouge augmente l’amplitude de nos réactions, il ne faut pas l’entendre comme s’il s’agissait là de deux faits distincts, une sensation de rouge et des réactions motrices, ‑ il faut comprendre que le rouge, par sa texture que notre regard suit et épouse, est déjà l’amplification de notre être moteur.

Le sujet de la sensation n’est ni un penseur qui note une qualité, ni un milieu inerte qui serait affecté ou modifié par elle, il est une puissance qui connaît un certain milieu d’existence ou se synchronise avec lui. Les rapports du sentant et du sensible sont comparables à ceux du dormeur et de son sommeil : le sommeil vient quand une certaine attitude volontaire reçoit soudain du dehors la confirmation qu’elle attendait. Je respirais lentement et profondément pour appeler le sommeil et soudain [...] le sommeil visé jusque‑là comme signification, se fait soudain situation. De la même manière je prête l’oreille ou je regarde dans l’attente d’une sensation, et soudain le sensible prend mon oreille ou mon regard, je livre une partie de mon corps, ou même mon corps tout entier à cette manière de vibrer et de remplir l’espace qu’est le bleu ou le rouge.

Comme le sacrement non seulement symbolise sous des espèces sensibles une opération de la Grâce, mais encore est la présence réelle de Dieu, la fait résider dans un fragment d’espace et la communique à ceux qui mangent le pain consacré s’ils sont intérieurement préparés, de la même manière le sensible a non seulement une signification motrice et vitale mais n’est pas autre chose qu’une certaine manière d’être au monde qui se propose à nous d’un point de l’espace, que notre corps reprend et assume s’il en est capable, et la sensation est à la lettre une communion. »

 Phénoménologie de la perception, Tel 1978, p. 243‑245.] par Maurice Merleau-Ponty

Publié dans Philosophie de la VIE | Pas de Commentaire »

leçon de vie : Etre Soi n’est pas un acquis

Posté par othoharmonie le 22 janvier 2014

téléchargement (12)

leçon de vie : Etre Soi n’est pas un acquis


     Je voudrais vous faire pénétrer avec moi dans la description de certaines choses que j’ai apprises au cours des milliers d’heures que j’ai passées à travailler dans l’intimité d’individus en détresse.

Je voudrais insister sur ce point : ce sont des enseignements qui ont une signification pour moi. J’ignore s’ils seraient valables pour vous. Je n’ai nullement l’intention de présenter des recettes mais je sais, pour ma part, que, chaque fois qu’une autre personne a bien voulu me parler de ses options personnelles, j’y ai gagné quelque chose, ne serait-ce que le fait de constater la différence qu’elles présentent avec ma propre orientation. Ainsi est-ce dans cet esprit que je vous soumets les expériences d’apprentissage que voici.

J’ai la certitude que, chaque fois, elles se sont manifestées dans mes actes comme dans mes convictions profondes bien avant que je n’en aie pris conscience. Sans doute est-ce un apprentissage dispersé et incomplet. Tout ce que je puis dire, c’est qu’il a été très important pour moi et qu’il continue de l’être. J’en tire sans cesse des enseignements nouveaux. Il m’arrive souvent d’agir sans en tenir compte, mais je finis toujours par le regretter. Il m’arrive aussi fréquemment devant une situation nouvelle, de ne pas m’apercevoir de l’usage que je pourrais faire de mes expériences.

Ces expériences ne sont pas figées. Elles changent constamment. Quelques-unes semblent s’imposer avec plus de force, d’autres paraissent moins importantes, mais toutes sont signifiantes.

     Je préfacerai le récit de chacune de ces expériences par une phrase qui suggère sa signification personnelle. Ensuite je la développerai un peu. Les pages qui suivent ne comportent guère de plan précis, sinon que les premières expériences concernent surtout les relations avec autrui. En voici quelques-unes qui s’insèrent dans la catégorie de mes valeurs et de mes convictions personnelles.

    Je citerai pour commencer plusieurs exemples d’apprentissage signifiants qu’on pourrait qualifier de négatifs. Dans mes relations avec autrui, j’ai appris qu’il ne sert à rien à long terme, d’agir comme si je n’étais pas ce que je suis. Il ne sert à rien d’agir avec calme et gentillesse alors qu’en fait je suis agacé et enclin à la critique. Il ne sert à rien de prétendre connaître des réponses qu’en réalité je ne connais pas. Il ne sert à rien d’agir comme si j’éprouvais de l’affection alors qu’en réalité je me sens hostile. Il ne sert à rien d’agir comme si j’étais plein d’assurance si, en réalité, je me sens craintif et incertain. Même au niveau le plus simple, ces constatations restent valables, ainsi il ne sert à rien d’agir comme si j’étais en bonne santé quand je me sens malade.

   Tout ceci revient à dire, en d’autres termes, que je n’ai jamais trouvé utile ni efficace, dans mes rapports avec autrui, d’essayer de maintenir une façade, d’agir d’une certaine façon à la surface, alors que j’éprouve au fond quelque chose de tout à fait différent. Ce genre de comportement, à ce que je crois, ne me rend pas efficace dans mes efforts pour établir des rapports constructifs avec d’autres individus. Je dois cependant ajouter que, si je pense avoir appris qu’il en est ainsi, je n’ai pas toujours complètement profité de cette conviction. En effet, il m’apparaît que la plupart des erreurs que j’ai pu commettre dans mes relations interpersonnelles, tous les échecs que j’ai subis dans mes efforts pour aider d’autres personnes, s’expliquent par le fait que, par une réaction de défense, mon comportement se plaçait dans un certain sens à un niveau superficiel, alors qu’en réalité, j’éprouvais des sentiments contraires.

   Une seconde expérience pourrait s’exprimer ainsi : mon intervention est plus efficace quand j’arrive à m’écouter et à m’accepter et que je puis être moi-même ; j’ai l’impression que, avec les années, j’ai appris à devenir plus capable de m’écouter moi-même, de sorte que je sais mieux qu’autrefois ce que je ressens à un moment précis – j’ai appris à reconnaître que j’éprouve bien envers un certain individu un sentiment de colère ou de rejet, ou au contraire que je me sens, vis-à-vis de lui, plein de chaleur et d’affection, ou bien encore que je m’ennuie et que ce qui se passe a cessé de m’intéresser, ou que je désire comprendre un individu, ou enfin que j’éprouve un sentiment d’anxiété ou de crainte dans mes rapports avec lui. Ces différentes attitudes sont des émotions que je crois pouvoir écouter en moi. On pourrait dire, en quelque sorte, que j’ai appris à bien vouloir être ce que je suis. Il m’est devenu plus facile de m’accepter comme quelqu’un de très imparfait et qui certainement ne fonctionne pas toujours comme j’aimerais qu’il le fît.

    Sans doute tout ceci peut sembler une étrange voie à suivre. Elle me parait cependant valable à cause de ce curieux paradoxe qui fait que c’est au moment où je m’accepte tel que je suis que je deviens capable de changer. Je crois que c’est là une leçon que j’ai apprise autant au contact de mes clients qu’à travers mon expérience personnelle : à savoir que nous ne saurions changer ni nous écarter de ce que nous sommes tant que nous n’acceptons pas profondément ce que nous sommes. C’est alors que le changement se produit, presque à notre insu.

   Une autre conséquence de cette acceptation de moi-même est que les relations deviennent réelles. Et ce qu’il y a de plus passionnant, c’est qu’elles ont quelque chose de vital et de signifiant. Si je puis accepter le fait que je suis agacé ou ennuyé par un client ou par un étudiant, je suis aussitôt mieux disposé, selon toutes probabilités, à accepter les réactions que provoque mon attitude. Ainsi je parviens à accepter le changement dans l’expérience et dans les sentiments qui se manifestent en moi comme en lui. Les relations réelles ont tendance à changer plutôt qu’à demeurer statiques.

    Ainsi, mon efficacité s’accroît si je me laisse être moi-même dans mes attitudes, si je connais et accepte comme un fait les limites de mon endurance et de ma tolérance, ou si je m’aperçois que j’ai le désir de former ou de manipuler l’autre, et que je reconnais ceci comme un fait en moi. Je voudrais être capable d’accepter ces sentiments aussi aisément que les sentiments de chaleur, d’intérêt, de tolérance, de bonté, de compréhension, qui eux aussi sont une partie intégrante de ma personnalité. Ce n’est que lorsque j’accepte toutes ces attitudes réelles comme faisant partie de moi-même, que mes relations avec l’autre deviennent ce qu’elles sont et peuvent dès lors croître et évoluer avec le plus de facilité.

    J’en arrive maintenant à une expérience fondamentale qui a pour moi une très importante signification. Je pourrais l’exprimer comme suit : J’attache une valeur énorme au fait de pouvoir me permettre de comprendre une autre personne. La façon dont je formule cette constatation peut vous paraître étrange. Faut-il donc se permettre de comprendre une autre personne ? Je le crois. Notre première réaction lorsque nous entendons parler quelqu’un est une évaluation immédiate, un jugement plutôt qu’un effort de compréhension. Si une personne exprime un sentiment, une attitude ou une opinion, nous avons tendance à penser aussitôt <C’est juste>, ou <c’est stupide> ; ou encore <c’est anormal>, <ce n’est pas raisonnable >, <c’est faux >, <ce n’est pas bien>. Il est rare que nous nous permettions de comprendre exactement le sens qu’ont ses propres paroles pour celui qui les exprime. Il me semble que cela provient de ce que la compréhension comporte un risque. Si je me permets de comprendre vraiment une autre personne, il se pourrait que cette compréhension me fasse changer. Or, nous avons peur du changement. C’est pourquoi je dis qu’il n’est pas facile de se permettre de comprendre un individu, d’entrer entièrement, complètement et avec sympathie dans son cadre de référence. C’est aussi quelque chose de très rare.

    La compréhension d’autrui est doublement enrichissante. Lorsque je travaille avec des clients angoissés, je me rends compte que le fait de comprendre le monde étrange où vit l’individu psychotique, de comprendre et de sentir les attitudes d’une personne incapable de supporter la situation tragique où elle se trouve, ou encore de comprendre un homme qui se sent indigne et inférieur, tout cela m’enrichit d’une façon ou d’une autre. Ces expériences produisent en moi des changements qui font de moi quelqu’un de différent et, me semble-t-il, de plus sensible. Plus important encore : ma compréhension de ces individus leur permet de changer eux aussi, d’accepter leurs propres craintes, leurs idées bizarres, leur sentiment du tragique de la vie et leur découragement ainsi que leurs moments de courage, de bonté, d’amour et de sensibilité. C’est leur expérience aussi bien que la mienne que lorsque quelqu’un comprend ces sentiments à fond, il lui devient possible de les accepter en lui-même. Ils constatent alors un changement dans leurs sentiments et dans leur propre personne. Qu’il s’agisse de comprendre une femme qui croit littéralement à la présence dans sa tête d’un crochet au moyen duquel les autres la conduisent où ils veulent, ou d’un homme qui croit que personne autant que lui n’est isolé et séparé de tous, cette compréhension a pour moi une valeur certaine. Par-dessus tout, et c’est là l’essentiel, le fait d’être compris a, pour les individus, une valeur positive.

   Voici une autre expérience que je considère comme très importante : c’est pour moi un enrichissement que d’ouvrir des voies de communication qui permettent aux autres de me faire part de leurs sentiments et de leur univers tel qu’ils le perçoivent. C’est parce que je sens tout ce que m’apporte la compréhension que je cherche à faire disparaître les barrières qui existent entre les autres et moi-même, afin que, s’ils le désirent, ils puissent se révéler plus complètement à moi.

   Dans la situation thérapeutique, il y a plusieurs manières d’aider le client à communiquer ce qu’il éprouve. Par mes propres attitudes, je puis créer dans nos rapports une sensation de sécurité grâce à laquelle la communication devient plus aisée. Une attitude de compréhension assez sensible pour le voir tel qu’il se voit lui-même et l’accepter comme ayant ces perceptions et ces sentiments, peut aussi être une aide.

    En tant qu’enseignant, j’ai trouvé le même enrichissement chaque fois que j’ai ouvert une voie par laquelle les autres peuvent partager leur personne avec moi. C’est pourquoi j’essaie, sans toujours y parvenir, de créer dans la classe un climat tel que les sentiments puissent s’exprimer et que les personnes puissent ne pas être d’accord soit entre elles, soit avec le professeur. J’ai souvent demandé aux étudiants des <feuilles de réactions> sur lesquelles ils peuvent s’exprimer individuellement et personnellement au sujet des cours. Ils peuvent y indiquer ce en quoi les cours répondent ou ne répondent pas à leurs besoins, ils peuvent dire ce qu’ils éprouvent à l’égard du maître, ou encore y exprimer les problèmes personnels que leur pose le cours. Ces feuilles de réactions n’ont aucun rapport avec leur classement. Il arrive que les mêmes sessions provoquent des réactions diamétralement opposées. Par exemple, un étudiant dira : <J’éprouve un sentiment indéfinissable de répugnance vis-à-vis du climat de la classe.> Un autre, un étranger, parlant du même cours et dans la même semaine déclarera : « La méthode employée dans nos cours me paraît être la meilleure, à la fois féconde et scientifique. Pourtant, pour des gens comme nous, qui suivons depuis très, très longtemps un enseignement fondé sur la méthode autoritaire des cours ex cathedra, cette nouvelle procédure est incompréhensible. Nous sommes conditionnés à écouter le professeur, à prendre des notes d’une manière positive, et à apprendre par coeur ce qu’il nous donne à lire en vue des examens. Inutile de dire combien il faut de temps pour nous débarrasser de nos habitudes, même si elles sont infécondes et stériles. « Cela a été pour moi une expérience profondément enrichissante que d’être prêt à accepter des réactions aussi nettement opposées.

    J’ai constaté que cela était également vrai dans des groupes où mon rôle est celui d’un administrateur, ou encore dans ceux où je suis perçu comme leader. Je m’efforce à réduire les motifs de crainte et les besoins de défense, afin que les membres du groupe puissent exprimer librement ce qu’ils éprouvent. C’est une expérience passionnante, et qui m’a permis de réviser complètement mes notions de ce que peut être l’administration, mais ce n’est pas le moment de m’étendre sur ce point.

    J’ai encore découvert quelque chose de capital dans mon rôle de conseiller. Ceci peut s’exprimer de la façon suivante : il est toujours extrêmement enrichissant pour moi de pouvoir accepter une autre personne.

    J’ai constaté qu’il n’est en aucune manière plus facile d’accepter vraiment une autre personne que de la comprendre. Suis-je réellement capable de permettre à un autre d’éprouver des sentiments hostiles envers moi ? Puis-je accepter sa colère comme une partie intégrante et légitime de sa personnalité ? Puis-je l’accepter alors qu’il a de la vie et de ses problèmes une perception toute différente de la mienne ? Puis-je l’accepter tandis qu’il a envers moi une attitude positive, qu’il m’admire et cherche à me prendre pour modèle ? Tout cela fait partie de l’acceptation, et ce n’est pas chose facile. Il me semble que, pour chacun de nous, c’est une attitude de plus en plus fréquente dans notre culture que de penser : « Tout le monde devrait avoir les mêmes sentiments, les mêmes pensées et les mêmes croyances que moi. » Nous avons beaucoup de peine à permettre à nos enfants, à nos parents, ou à nos conjoints d’avoir des réactions différentes des nôtres devant certains problèmes et certaines questions. Nous ne saurions permettre à nos clients ou à nos étudiants d’avoir des opinions opposées aux nôtres ou d’utiliser leur expérience d’une façon individuelle et qui leur soit propre. Au niveau national, nous ne pouvons permettre à une autre nation d’avoir des idées et des sentiments différents des nôtres. Pourtant, j’ai fini par reconnaître que ces différences qui séparent les individus, le droit pour chacun d’utiliser son expérience comme il l’entend et de lui donner la signification qui lui paraît juste, tout cela représente le plus riche potentiel de la vie. Tout être est une île, au sens le plus réel du mot, et il ne peut construire un pont pour communiquer avec d’autres îles que s’il est prêt à être lui-même et s’il lui est permis de l’être. Ainsi ce n’est que lorsque je puis accepter un autre, ce qui signifie spécifiquement que j’accepte les sentiments, les attitudes et les croyances qui constituent ce qu’il y a de réel et de vital en lui, que je puis l’aider à devenir une personne, ce qui me semble très précieux.

    La découverte suivante est difficile à communiquer. Elle consiste en ceci : Plus je suis prêt à reconnaître ce qu’il y a de réel en moi et chez l’autre, moins j’ai le désir d’essayer à tout prix d’arranger les choses. Plus j’essaie de m’écouter et d’être attentif à mon expérience interne et plus j’essaie d’étendre cette attitude d’écoute à un autre, plus j’éprouve de respect pour les complexités du processus vital. C’est pourquoi je me sens de moins en moins pressé d’arranger les choses, d’imposer des buts, de façonner des individus, de les manipuler et de les pousser dans les voies que je voudrais leur voir suivre. Je suis beaucoup plus satisfait d’être simplement moi-même et de laisser l’autre être lui-même. J’ai pleinement conscience que ceci doit sembler un point de vue étrange et quasi oriental. À quoi sert la vie si nous ne cherchons pas à agir sur les autres ? À quoi sert-elle si nous ne cherchons pas à les façonner selon nos objectifs, si nous ne leur enseignons pas ce qu’il nous paraît nécessaire qu’ils sachent, si nous ne les faisons pas penser et sentir comme nous ? Comment peut-on concevoir un point de vue aussi inactif que celui que je décris ? Je ne doute pas que les réactions de beaucoup d’entre vous soient des attitudes de ce genre.

    Pourtant, voici l’aspect paradoxal de mon expérience : Plus je suis disposé à être simplement moi-même dans toutes les complexités de la vie, plus je cherche à comprendre et à accepter ce qu’il y a de réel en ma personne et en celle de l’autre, plus il se produit de changements. Il est en effet paradoxal de constater que dans la mesure où chacun de nous accepte d’être lui-même, il découvre non seulement qu’il change, mais que d’autres personnes avec qui il est en rapport, changent aussi. C’est du moins ce qu’il y a de plus frappant dans mon expérience et c’est aussi l’une des conclusions les plus profondes que j’ai tirées tant au cours de ma vie personnelle que dans l’exercice de ma profession.

2g

    J’en viens maintenant à d’autres découvertes qui concernent moins mes relations interpersonnelles, que mes actions et mes jugements de valeurs. La première de ces découvertes peut s’exprimer brièvement ainsi : Je peux faire confiance à mon expérience.

    Un des principes fondamentaux que j’ai mis longtemps à reconnaître et que je continue à découvrir est que lorsque je sens qu’une de mes activités est bonne et qu’il vaut la peine de la poursuivre, c’est la preuve qu’il faut la poursuivre. Autrement dit, j’ai appris que mon appréciation organismique d’une situation est plus digne de confiance que mon intellect.

    Tout au long de ma vie professionnelle, je me suis engagé dans des voies qui paraissaient ridicules aux autres, et qui soulevaient des doutes en moi-même ; mais je n’ai jamais regretté de m’être orienté vers ce que je « sentais être juste », bien que j’aie parfois éprouvé un sentiment d’isolement ou de ridicule.

   Chaque fois que j’ai fait confiance à un sentiment interne et non intellectuel, j’ai découvert la sagesse de mon action. Bien plus, lorsque j’ai suivi un de ces chemins inacceptés parce qu’il me paraissait être le meilleur et le plus vrai, je me suis aperçu qu’au bout de cinq ou dix ans, beaucoup de mes collègues m’y rejoignaient, de sorte que le sentiment d’isolement disparaissait.

   À mesure que je fais de plus en plus profondément confiance à mes réactions totales, je m’aperçois que je puis les prendre pour guides de ma pensée. J’ai appris à respecter davantage ces idées vagues qui m’apparaissent parfois, et que je sens être signifiantes. Je suis enclin à penser que ces idées un peu obscures, ces intuitions vont me faire pénétrer dans des domaines importants. C’est dire que je fais confiance à la totalité de mon expérience à laquelle j’ai fini par attribuer plus de sagesse qu’à mon intellect. Sans doute n’est-elle pas infaillible, mais je la soupçonne de l’être plus que mon esprit conscient. C’est une attitude admirablement exprimée par l’artiste Max WEBER lorsqu’il dit : < Dans mes humbles efforts de création, je dépends beaucoup plus de ce que je ne sais pas encore, et de ce que je n’ai pas encore fait. >

    Très étroitement lié à cette découverte est le corollaire suivant à savoir qu’une évaluation faite par autrui ne saurait me servir de guide. Les jugements des autres, bien que j’aie le devoir de les écouter et d’en tenir compte pour ce qu’ils sont, ne pourront jamais me servir de guides. C’est là une leçon que j’ai eue du mal à apprendre. Je me souviens du choc que je reçus, dans mes jeunes années, en entendant un homme très réfléchi et érudit qui m’apparaissait comme un psychologue beaucoup plus compétent et plus savant que moi, me dire que j’avais grand tort de m’intéresser à la psychothérapie. Celle-ci, pensait-il, ne me mènerait à rien, et en tant que psychologue, je n’aurais même pas la possibilité de l’exercer. Plus tard j’ai été un peu secoué en apprenant qu’aux yeux des autres, je suis un imposteur, quelqu’un qui exerce la médecine sans être qualifié, l’inventeur d’un genre de thérapie très superficielle et dangereuse, animé par une volonté de puissance, un mystique, etc. Je me suis senti également perturbé par des éloges tout aussi exagérés. Cependant je ne me suis pas laissé trop impressionner, parce que j’en suis venu à la conclusion qu’une seule personne (du moins de mon vivant et peut-être pour toujours) peut savoir si j’agis avec honnêteté, avec application, avec franchise et justesse, ou si ce que je fais est faux, défensif et futile, et que cette personne, c’est moi-même. Je suis heureux d’entendre exprimer des témoignages sur ce que je fais : critiques amicales ou hostiles, éloges sincères ou adulateurs, font partie de ces témoignages. Toutefois je ne puis déléguer à personne le soin de les évaluer ou d’en mesurer la signification et l’utilité.

    Après ce que je viens de vous dire, vous ne serez pas surpris d’apprendre une autre de mes découvertes, à savoir qu’à mes yeux, l’expérience est l’autorité suprême. Ma propre expérience est la pierre de touche de toute validité. Aucune idée, qu’il s’agisse de celles d’un autre ou des miennes propres, n’a le même caractère d’autorité que mon expérience. C’est à elle que je dois revenir sans cesse, pour m’approcher de plus en plus de la vérité qui se développe graduellement en moi.

Ni la Bible, ni les prophètes – ni Freud, ni la recherche – ni les révélations émanant de Dieu ou des hommes – ne sauraient prendre le pas sur mon expérience directe et personnelle.

Cette expérience est d’autant plus digne de confiance qu’elle devient plus primaire, pour employer un terme emprunté à la sémantique. C’est donc à son niveau le plus bas que la hiérarchie de l’expérience présente le plus grand caractère d’autorité. Si je lis un exposé théorique de psychothérapie, si d’autre part je formule une théorie psychothérapique fondée sur le travail que je fais avec mes clients, si enfin j’ai une expérience directe de psychothérapie avec un client, le degré d’autorité de ces expériences s’accroît dans l’ordre où je viens de les énumérer.

Ce n’est pas parce qu’elle est infaillible que mon expérience fait autorité. Elle est la base de toute autorité parce qu’elle peut toujours être vérifiée par des moyens primaires. C’est pourquoi ses fréquentes erreurs – sa faillibilité – peuvent toujours être corrigées.

Autre découverte personnelle : j’ai du plaisir à discerner un ordre dans mon expérience. Il me paraît inévitable de rechercher une signification, un ordre et une légitimité dans toute accumulation d’expérience. C’est ce genre de curiosité dans la poursuite de laquelle je trouve une grande satisfaction qui m’a conduit vers les principales formulations que j’ai faites. Cette curiosité m’a incité à chercher un certain ordre dans l’histoire énorme de ce que les cliniciens ont fait pour les enfants, et c’est de là qu’est sorti mon livre The Clinical Treatment of the Problem Child. Elle m’a amené à formuler les principes généraux qui me paraissent opérer en psychothérapie, ce dont font foi plusieurs livres et un grand nombre d’articles. Elle m’a amené à chercher, à vérifier les divers types de légitimité que je crois avoir rencontrés au cours de mon expérience. Elle m’a amené à élaborer des théories pour établir un ordre dans ce qui a déjà été vécu et pour projeter cet ordre dans des domaines inexplorés où on pourra le vérifier à nouveau.

C’est ainsi que j’en suis venu à considérer à la fois la recherche scientifique et le processus de l’élaboration des théories comme ayant pour but de trouver un ordre interne dans l’expérience signifiante. La recherche est un effort constant et discipliné pour donner un sens et un ordre aux phénomènes de l’expérience subjective. Elle se justifie parce qu’il est satisfaisant de percevoir le monde comme étant soumis à un ordre et parce que la compréhension des relations ordonnées qui régissent la nature donne des résultats enrichissants.

Je me suis donc aperçu que la raison pour laquelle je me consacre à la recherche et à l’élaboration de théories, est un besoin de percevoir un ordre et une signification : c’est un besoin subjectif qui existe en moi. J’ai parfois fait des recherches pour d’autres raisons : pour satisfaire autrui, pour convaincre des adversaires ou des sceptiques, pour avancer dans ma profession, par besoin de prestige, et pour d’autres motifs aussi peu nobles. Ces erreurs dans mes jugements et dans mes actes n’ont servi qu’à me convaincre qu’il n’existe qu’une seule raison valable de poursuivre une activité scientifique : satisfaire mon besoin de trouver une signification.

Une autre découverte que j’ai faite peut se résumer en cinq mots : les faits sont des amis. Je trouve très intéressant de constater que la plupart des psychothérapeutes, et en particulier les psychanalystes, se sont toujours refusés à faire une étude scientifique de leur thérapie ou de permettre à d’autres de la faire. C’est une réaction que je comprends parce que je l’ai éprouvée. Dans nos premières investigations en particulier, je me souviens de l’anxiété que je ressentais d’avoir à attendre qu’apparaissent les premiers résultats. Et si nos hypothèses s’avéraient incorrectes ! Et si nous nous étions trompés ! Et si nos opinions étaient injustifiées ! Quand je me reporte en arrière, je m’aperçois qu’à ce moment-là, les faits m’apparaissaient comme des ennemis potentiels, comme des messagers de malheur. J’ai sans doute mis longtemps à comprendre que les faits sont toujours des amis. Le moindre éclaircissement qu’on puisse acquérir dans n’importe quel domaine nous conduit beaucoup plus près de la vérité. Or, s’approcher de la vérité n’est jamais nuisible, ni dangereux, ni inconfortable. C’est pourquoi, bien que je déteste encore avoir à réviser mes opinions, à abandonner ma façon de percevoir ou de conceptualiser, j’ai fini pourtant par reconnaître, dans une grande mesure et à un niveau plus profond, que cette pénible réorganisation est ce qui s’appelle apprendre et que, aussi désagréable qu’elle soit, elle mène toujours vers une perception beaucoup plus satisfaisante, parce que plus exacte, de la vie.

Il me faut maintenant citer une de mes découvertes les plus enrichissantes ; enrichissantes, parce que, grâce à elle, je me sens plus proche d’autrui. Cela pourrait s’exprimer comme suit : ce qui est le plus personnel est aussi ce qu’il y a de plus général. Il m’est arrivé, soit en parlant avec des collègues ou des étudiants, soit en écrivant, de m’exprimer d’une manière si personnelle que j’ai pensé décrire une attitude que sans doute personne ne comprendrait, parce qu’elle était uniquement à moi. [...] En pareil cas, j’ai presque toujours découvert que le sentiment qui me paraissait le plus intime, le plus personnel et par conséquent le plus incompréhensible pour autrui s’avérait être une expression qui évoquait une résonance chez beaucoup d’autres personnes. J’ai fini par en conclure que ce qu’il y a d’unique et de plus personnel en chacun de nous est probablement le sentiment même qui, s’il était partagé ou exprimé, parlerait le plus profondément aux autres. Cela m’a permis de percevoir les artistes et les poètes comme des êtres qui osent exprimer ce qu’il y a d’unique en eux.

Voici enfin une leçon profonde qui est peut-être à la base de tout ce que j’ai dit jusqu’ici : elle s’est imposée à moi tout au long des vingt-cinq années au cours desquelles j’ai essayé de venir en aide à des individus en détresse. La voici dans toute sa simplicité : mon expérience m’a montré que, fondamentalement, tous les hommes ont une orientation positive. Dans mes rapports les plus profonds en psychothérapie avec des individus, même chez les plus perturbés, chez ceux dont le comportement est le plus anti-social, dont les émotions sont les plus anormales, ceci reste vrai. Lorsque je parviens à comprendre affectivement les sentiments qu’ils expriment, lorsque je puis accepter ces clients comme ayant une personnalité individuelle qui leur appartient en propre, c’est alors que je m’aperçois qu’ils ont tendance à s’orienter dans certaines directions. Pour les décrire le plus exactement possible, je dirai qu’elles sont positives, constructives, qu’elles tendent vers l’actualisation de la personne, qu’elles progressent vers la maturité et vers la socialisation. J’ai acquis la conviction que mieux un individu est compris et accepté, plus il a tendance à abandonner les fausses défenses dont il a usé pour affronter la vie, et à s’engager dans une voie progressive.

Je ne voudrais pas être mal compris. Je ne crois pas avoir une vue naïvement optimiste de la nature humaine. Je suis tout à fait conscient du fait que, par besoin de se défendre contre des peurs internes, l’individu peut en arriver à se comporter de façon incroyablement cruelle, horriblement destructive, immature, régressive, anti-sociale et nuisible. Il n’en reste pas moins que le travail que je fais avec de tels individus, la recherche et la découverte des tendances très positivement orientées qui existent chez eux comme chez nous tous, au niveau le plus profond, constituent un des aspects les plus réconfortants et les plus vivifiants de mon expérience.

Avant de terminer cette longue liste, il me faut mentionner une autre découverte que j’exprimerai brièvement ainsi : La vie, dans ce qu’elle a de meilleur, est un processus d’écoulement, de changement où rien n’est fixe. Chez mes clients, comme chez moi-même, c’est lorsque la vie m’apparaît comme un flux mouvant qu’elle est la plus riche et la plus satisfaisante. Cette découverte exerce sur moi une certaine fascination légèrement mêlée de frayeur. Lorsque je puis me laisser emporter par le flux de mon expérience dans ce qui m’apparaît comme un mouvement en avant, vers un but dont je ne suis que vaguement conscient, c’est alors que ma forme est la meilleure. Flottant ainsi au gré du courant complexe de mes expériences, tout en tâchant d’en démêler la toujours changeante complexité, il est évident que je ne rencontre pas de points fixes. Quand je me livre tout entier à ce processus, il est clair qu’il ne peut y avoir pour moi aucun système clos de croyances et de principes immuables. La vie évolue au gré d’une compréhension et d’une interprétation de mon expérience, qui changent constamment. Elle est un continuel processus de devenir.

Je pense qu’on comprendra clairement maintenant pourquoi il n’existe ni philosophie, ni croyance, ni principe que je pourrais chercher à persuader autrui d’adopter et de maintenir. Je ne puis qu’essayer de vivre suivant ma propre interprétation de la signification présente de ma propre expérience ; je ne puis qu’essayer de permettre aux autres, et de les laisser libres de développer leur propre liberté interne afin d’atteindre une interprétation signifiante pour eux de leur propre expérience.

S’il existe une vérité, ce libre processus individuel de recherche devra, il me semble, y conduire de façon convergente. De façon très limitée, c’est ce que je crois avoir appris.

SOURCE :  par Carl Rogers  (1902-1987) créateur de l’Approche Centrée sur la Personne 

 

Publié dans Philosophie de la VIE | Pas de Commentaire »

la voie de l’oiseau

Posté par othoharmonie le 22 janvier 2014

images (19)


 

La méditation est un chemin long et difficile que l’on nomme “le chemin de la fourmi” (Pilpilya marg) dans la philosophie du Védanta.
Le chemin de la connaissance ou la voie directe est appelé le chemin de l’oiseau (Vihanga marg).
Une fourmi peut mourir en chemin avant d’atteindre la cime de l’arbre alors que l’oiseau vole de branche en branche avec tant d’aisance !

Siddharameshvar Maharaj
 

Aujourd’hui, dans tous les domaines, l’homme est à la recherche de rapidité, d’efficacité. Si elle gère notre quotidien au plan matériel, parfois avec de bons résultats, cette dynamique de progrès peut-elle s’appliquer au plan spirituel ? Celui-ci n’est-il pas considéré comme une voie lente, laborieuse et difficilement accessible, se déroulant sur des années et pour certains, sur des vies ! Est-il possible de survoler « l’océan de l’ignorance » en avion plutôt que de tenter de le traverser à la nage ?

Certains grandes maîtres l’ont cru et ont enseigné « la voie de l’oiseau » pour la distinguer de « la voie de la fourmi », réservée aux méthodes basées sur la méditation, sur la lente transformation des pulsions désordonnées, l’apaisement des agitations mentales, des désirs et des passions.

Contrairement aux autres approches, la « voie de l’oiseau » n’essaie pas de transformer quoi que soit ! Elle s’interroge plutôt sur la nature de ce que l’on cherche à transformer : quelle est sa consistance, sa solidité, sa réalité ?

En cernant attentivement la nature d’un serpent endormi, on pourrait être soulagé en constatant qu’il ne s’agissait que d’une simple corde négligemment déposée dans un endroit obscur! Dès lors, à quoi bon chercher à apprivoiser ou à neutraliser le reptile, à s’interroger sur son pedigree, son espèce, sa toxicité ? Ne vaut-il pas mieux découvrir le pot aux roses ? Cette révélation de « ce qui est » nous mène droit au but en nous plongeant d’emblée au cœur de la Vérité ultime.

« Jugée parfois difficile, [cette approche] est cependant un merveilleux raccourci vers le but. [...] elle est d’une étonnante simplicité [...]. Ne requérant a priori ni foi, ni credo particulier, ni engagement dans aucune institution ou groupe spirituel, elle s’adresse indistinctement à tous, croyants ou non-croyants, et tout spécialement à ceux qui souhaitent cheminer sur leur propre voie, sans dépendance vis-à-vis de quoi que ce soit ou de quiconque. Elle ne nécessite même pas la guidance autorisée d’un Maître extérieur et s’en remet à la compétence du Maître intérieur, le seul vrai Maître.

Par ailleurs, elle ne demande pas de quitter le monde, d’entrer dans le silence, ni même de devenir adepte de la méditation pendant de longues années. Cette dernière pratique est d’ailleurs appelée parfois « voie de la fourmi », tandis que la voie de la compréhension se nomme « voie de l’oiseau » : elle est donc un précieux raccourci vers le but. Loin de nécessiter un retrait du monde, irréaliste pour beaucoup, elle se pratique au cœur de la vie active et même, paradoxalement, c’est là qu’elle excelle et produit les meilleurs résultats !

Contrairement aux autres chemins spirituels qui nécessitent silence, recueillement et concentration – conditions si difficiles à réaliser aujourd’hui – elle s’accommode fort bien de l’agitation, du bruit et même des turbulences du monde moderne. Ne nécessitant pas de se protéger du stress, ni de se mettre à l’écart – ce qui n’est pas non plus sans intérêt – elle se pratique au sein même de l’action et de la « pâte humaine », en plein vent et même dans la violence des cyclones.

Le lecteur se sentira sans doute intrigué par une proposition qui semble si contraire aux enseignements classiques basés sur l’ascèse, le renoncement, la quête du silence. Qu’il se tranquillise en sachant que cette voie n’est pas une création nouvelle, mais un chemin traditionnel, mal connu certes, souvent éclipsé par d’autres approches plus ésotériques ou confiné à une élite intellectuelle. Mais, que l’on se rassure, il est véritablement à la portée de tous.

Il ne nécessite aucune qualité intellectuelle spéciale, sinon une attention et une vigilance qui s’acquièrent avec la pratique. »

Déjouer les pièges de l’ego - Éditions Jouvence de Daniel Maurin     

Publié dans Philosophie de la VIE | Pas de Commentaire »

21 leçons pour demeurer en paix

Posté par othoharmonie le 22 janvier 2014

BYRON KATIE

BYRON KATIE

 


Introduction. Ce qui suit représente des pratiques simples mais puissantes qui peuvent vous offrir de nouvelles manières de considérer les circonstances de votre vie et, par cela, de créer de nouvelles possibilités de réalisation de soi.

1. Inverser les jugements
Remarquez dans la pratique lorsque vous jugez ou critiquez quelqu’un ou quelque chose. 
Par exemple, au rayon de l’épicerie, vous êtes impatient et pensez que la personne devant vous est mal organisée et impolie.  

Rapidement, renversez votre jugement et demandez-vous :

- Est-ce que cela est vrai aussi pour moi ?

- Suis-je impoli ?

- Suis-je parfois impoli ? Envers les autres ou envers moi-même ?)

- Suis-je impoli en moi-même lorsque je pense que les autres sont impolis ?

 Cet exercice amène votre attention en dehors de l’autre et place votre attention sur vous-même. Le pardon en résulte naturellement.
 
Placer la responsabilité ou le jugement sur quelqu’un d’autre vous ôte tout pouvoir de changer votre expérience.

 Accepter la responsabilité de vos croyances et de vos jugements vous accorde  le pouvoir de les changer. 
 
Souvenez-vous, au-delà de l’apparence de celui que vous regardez, il s’agit toujours de Dieu qui est camouflé, debout devant vous, pour que vous puissiez vous connaître. Renverser ses jugements permet le pardon total. Le pardon mène à la conscience de soi et rétablit l’intégrité personnelle.

2.  Les trois formes d’affaires

Remarquez, lorsque vous blessez, que vous êtes intellectuellement en dehors de vos affaires. Si vous n’êtes pas certains, arrêtez-vous et demandez-vous : «Intellectuellement, dans quelle affaire est-ce que je me trouve ?». 

Il existe trois sortes d’affaires dans l’univers : les miennes, les vôtres et celles de Dieu.

- De quelles affaires s’agit-il lorsqu’un tremblement de terre se produit ? Celles de Dieu.

- De quelles affaires s’agit-il si le voisin d’en bas de la rue a une vilaine pelouse? Celles de votre voisin.

- De quelles affaires s’agit-il si vous êtes en colère contre votre voisin d’en bas de la rue parce qu’il a une vilaine pelouse ? Vos affaires.

La vie est simple, c’est à l’intérieur.

Comptez, dans des intervalles de cinq minutes, combien de fois vous vous mêlez mentalement des affaires d’autrui. Notez lorsque vous donnez un conseil non demandé ou offrez une opinion sur quelque chose (à haute voix ou silencieusement).

Demandez-vous :

- Est-ce que je me mêle de ses affaires ?

- M’a-t-il demandé mon conseil ?

Et, le plus important :

- Puis-je prendre le conseil que j’offre et l’appliquer dans ma vie ?

3. Etre dans les affaires de personne

Après avoir travaillé sur la pratique de demeurer en dehors des affaires des autres, essayez de demeurer aussi en dehors de vos propres affaires. 

Considérez sans gravité tout ce que vous croyez savoir sur vous-même. 

«Je suis contenu et limité dans ce corps physique».

- Est-ce vrai ?

- Puisque savoir absolument que cela est vrai ?

- Qu’est-ce que j’obtiens en maintenant cette croyance?

- Il y a une croyance répandue que nous sommes notre corps et que nous mourrons. Qui serais-je sans cette croyance ?

4.   Se détacher de son corps, de son histoire

Essayez de parler de vous-même, durant un moment, à la troisième personne plutôt que je ou moi.  

Au lieu de dire «Je vais déjeuner», dites «Elle/il va déjeuner» (en se référant à vous-même) ou «Celle-ci/celui-ci va déjeuner».

Faites cela avec un ami durant une heure, l’après-midi ou la journée entière. Éliminez l’utilisation de tous les pronoms personnels (je, moi, nous).

Par exemple :

- Comment va celui-ci (ou celui-là) aujourd’hui ?

- Veut-il aller au parc ?

Faites l’expérience du corps de manière impersonnelle, ainsi que des histoires et des préférences que vous croyez incarner.
 

5. Parler au présent

Devenez conscient de la fréquence de vos conversations centrées sur le passé ou le futur. Soyez conscient des verbes que vous utilisé : était, faisait, fera, va faire etc. Parler du passé dans le présent, c’est le ré-éveiller et le recréer complètement dans le présent, pas seulement dans nos esprits, ce qui nous éloigne à ce que le présent représente pour nous en ce moment.

Parler du futur, c’est créer et vivre avec un fantasme. Si vous voulez faire l’expérience de la peur, pensez au futur. Si vous voulez faire l’expérience de la honte et de la culpabilité, pensez au passé.

6. Faire la vaisselle 

«Faire la vaisselle» est une pratique d’apprentissage de l’amour de l’action en face de vous. Votre voix intérieure ou intuition vous guide toute la journée dans des tâches simples tels que faire la vaisselle, conduire au travail ou nettoyer le sol. Autoriser la sainteté de la simplicité. Écouter votre voix intérieure et ensuite agir selon ses suggestions avec une confiance implicite crée une vie avec plus de grâce, sans effort et miraculeuse.

7. Écouter la voix du corps

Le corps est la voix de notre esprit et il vous parle à travers des mouvements physiques tels que les contractions musculaires -tels que les tics, les élancements, les chatouillements et la tension-, pour n’en nommer que quelques-uns uns. 

Devenez conscient de la fréquence à laquelle vous vous éloignez de la paix ou de la tranquillité. 

Pratiquez la tranquillité et laissez votre corps vous parler à partir de l’endroit où votre esprit se contracte, peu importe la subtilité de la contraction vacillante. Lorsque vous remarquez une sensation, enquêtez à l’intérieur.

- Quelle situation ou pensée contractée déclenche cette sensation physique ?

- Suis-je hors alignement de mon intégrité dans cette circonstance, et si oui, où ?

- Suis-je désireux de laisser partir cette croyance ou cette pensée qui fait se contracter mon corps ?

Écoutez et permettez aux pensées de vous guider et retournez à la paix et la clarté intérieure.

8. Faites-vous un rapport

Cet exercice peut aider à soigner la peur et le sentiment de terreur. 

Pratiquez l’élaboration de rapports sur les évènements comme si la circonstance dans laquelle vous vous trouviez était en fait une nouvelle et que vous en soyez le reporter itinérant. Décrivez exactement l’environnement et ce qui se passe « sur la scène » au moment précis. La peur est toujours le résultat de la projection d’une re-création du passé dans le présent ou le futur. 

Si vous vous découvrez être dans la peur, trouvez la croyance qui en est au cour et enquêtez :

- Est-il vrai que je dois avoir peur dans cette situation ?

- Que se passe-t-il réellement en ce moment-même, physiquement ?

- Où se trouve mon corps (mains, bras, pieds, jambes, tête) ?

- Que vois-je (arbres, murs, fenêtres, ciel) ?
 
La dépersonnalisation de nos histoires nous offre une occasion de considérer les circonstances plus objectivement et de choisir nos réponses à ce que nous apporte la vie. Vivre dans nos esprits, croire nos pensées fausses est une bonne manière de nous effrayer à mort et cela peut apparaître sous la forme de la vieillesse, du cancer, de la dégénérescence, de l’hypertension artérielle, etc.

9.   L’écoute fidèle

Pratiquez l’écoute des autres au sens le plus littéral, croyant exactement ce qu’ils disent et faites le mieux possible pour résister à l’envie de tomber dans vos propres interprétations de l’information qu’ils partagent avec vous.

Par exemple, quelqu’un peut vous faire des compliments sur votre beauté, et vous l’interprétez comme une insinuation que cette personne a des motifs inavoués. Nos interprétations sur ce que nous entendons dire de nous par les autres sont souvent de loin plus douloureuses ou effrayantes que ce que les autres disent réellement. Nous pouvons nous blesser par nos idées fausses et notre habitude à penser à la place des autres. Essayez de croire que ce qu’ils disent est exactement ce qu’ils veulent dire : ni plus, ni moins.

Ecoutez les autres jusqu’au bout. 

Rattrapez-vous lorsque vous désirez achever une phrase pour quelqu’un, soit à haute voix soit dans votre esprit.

Ecoutez. Il peut être étonnant d’entendre ce qui vient lorsque nous permettons aux autres d’aller jusqu’au bout de leurs pensées sans interruption. Et lorsque nous sommes occupés à penser à ce qu’ils vont dire, nous manquons alors ce qu’ils disent réellement.

Vous pouvez considérer ces questions :

- Qu’est-ce qui peut être menacé si j’écoute et entends de manière littérale ?

- Est-ce que j’interromps parce que je ne veux pas réellement savoir ce que l’autre a à dire ? Est-ce que j’interromps  pour convaincre que j’en sais plus que lui ?

- Est-ce que j’essaie de dresser une image de confiance en soi et de maîtrise ?

- Qui serais-je sans le besoin de posséder ces qualités ?

- Est-ce la peur d’apparaître comme non intelligent ?

- Est-ce que les autres me quitteraient si je les écoutais fidèlement et ne m’engageais plus dans des jeux manipulateurs ?

10. Parler honnêtement et fidèlement
Parlez fidèlement, littéralement. Dites ce que vous voulez dire sans justification, sans aucun désir de manipuler et sans vous inquiéter sur comment l’autre va interpréter vos paroles. Exercez-vous à ne pas être prudent. Faites l’expérience de la liberté que ceci apporte.

11. Observer la pièce
Imaginez-vous au balcon, regardant votre drame favori sur vous et ce qui vous bouleverse. Contempler l’histoire sur la scène en dessous. Observez comment vous avez assisté à ce drame des centaines, peut-être des milliers de fois. Observez cela  jusqu’à ce que vous vous ennuyiez.

Les acteurs doivent exagérer leur rôle pour conserver votre attention. Notez le moment où vous devenez honnête avec votre ennui, où vous vous levez de votre siège, quittez le balcon, sortez du théâtre et allez dehors. Sachez que vous pouvez toujours y retourner. Qui seriez-vous sans votre histoire ?

12. Regarder une deuxième version de la pièce
Ecrivez votre histoire à partir des yeux et de l’esprit d’une autre personne. Ecrivez autant de versions avec autant de résultats que vous le voulez. Remarquez ce que vous remarquez.

13. S’entraîner à la polarité
Si vous vous trouvez demeurer avec une pensée négative, entraînez-vous à aller vers l’extrême ou la polarité positive opposée. Lorsque vous vous surprenez à glisser à nouveau dans la négativité, choisissez à nouveau de retourner à la polarité positive et demeurez présent à votre choix conscient.

Percevez-en la vérité. Il n’y a que l’amour, et ce qui n’apparaît pas en tant qu’amour est un appel déguisé pour l’amour. 

C’est notre droit de naissance que de vivre dans la polarité positive d’amour et de vérité.

14. Le processus d’amour de soi
Dressez la liste de tout ce que vous aimez chez une personne et partagez-le avec elle. Puis, accordez-vous tout ce qui est sur la liste. Vous pouvez aussi reconnaître que ce que vous aimez chez quelqu’un d’autre est aussi vrai chez vous. Puis laissez la plénitude s’exprimer dans votre vie.

15. Etre dans l’honnêteté
Entraînez-vous à bouger et à répondre à partir de l’honnêteté. Riez, pleurez, criez et parlez tel que cela est véritablement vrai pour vous en  chaque instant. Soyez à nouveau un enfant ; agissez en complète honnêteté avec vos sentiments. Ne laissez pas les croyances compromettre votre intégrité. Par exemple, entraînez-vous à quitter une pièce honnêtement sans manipuler ceux que vous laissez derrière vous avec une excuse polie. Vivez votre vérité sans chercher à vous expliquer.

16.Demandez ce que vous voulez – Accordez-vous ce que vous voulez
Demandez ce que vous voulez, même si vous vous sentez intrépide ou maladroit. Les autres ne savent pas ce que vous voulez avant de le leur demander. L’acte de demander est une validation de la prise de conscience que vous méritez d’obtenir ce que vous désirez. Si les autres sont incapables ou non disposés à répondre à votre demande, accordez-vous la vous-même.

17.La conscience de vous
Reconnaissez que celui en face de vous est vous. Au-delà de toutes les apparences et personnalités réside l’essence de la bonté, qui est vous. Vous souvenir de votre présence sous toutes les formes vous ramène immédiatement au moment présent, dans la crainte mêlée d’admiration de la plénitude intérieure. La personne  en face de vous va devenir une occasion de vous connaître. Le coeur déborde d’amour et de gratitude, annonçant humblement : « Oh ! Oui, cette personne ou situation est là pour que j’apprenne qui je suis ».

18. La gratitude pour soi
Durant 24 heures, cessez de regarder en dehors de vous pour une validation.
L’autre aspect en cela est que vous devenez l’expérience de la gratitude.

19. Le miroir de la vanité
Si vous voulez voir qui vous n’êtes pas, regardez dans le miroir. Utilisez le miroir une seule fois dans la journée seulement. Qui seriez-vous sans votre miroir ?

20. Au-delà de la justification
Commencez à remarquer à quelle fréquence vous vous expliquez ou vous vous justifiez, vous justifiez vos paroles, vos actions, vos décisions, etc. 

- Qui essayez-vous de convaincre ?

- Et quelle histoire perpétuez-vous

Prenez conscience de votre utilisation du mot «parce que» ou «mais» lorsque vous parlez. Interrompez votre phrase immédiatement. Recommencez-la. La justification est une tentative pour manipuler l’autre personne ; décidez d’être tranquille et sachez.

21. Le cadeau de la critique
La critique est une occasion incroyable de progresser. Voici quelques points sur comment recevoir la critique et en tirer bénéfice. 

Lorsque quelqu’un dit que vous êtes mauvais, épouvantable, mou, etc., dites (soit dans votre
esprit, soit de vive voix à la personne) «Merci». 

Cette pensée nous porte immédiatement dans un espace où vous êtes disponible pour entendre et utiliser l’information d’une manière qui vous serve.

A la suite de la critique, demandez-vous : «Ai-je mal ?» Si la réponse est «Oui», alors sachez que quelque part en vous, vous croyez en la critique aussi. Connaître cela vous donne l’occasion de guérir cette partie que vous trouvez inacceptable en vous.

Si vous voulez arrêter d’être vulnérable à la critique, alors soignez les critiques. Tel est le pouvoir ultime pour laisser tomber tout concept. Être vulnérable signifie que vous ne pouvez plus être manipulé puisqu’il n’y a plus de place pour planter la critique. 

C’est la liberté.

compilation de Mary Lynn Hendrix et Byron Katie     

 

POUR INFO d’un internaute sympa : 

Je voulais donc vous informer, si vous n’êtes pas déjà au courant, de la venue de Byron Katie à Paris le samedi 12 juillet 2014.

Pour promouvoir cet événement, un site dédié à été créé sur lequel il y a toutes les informations disponibles : www.byron-katie-paris-2014.com,

ainsi qu’une page Facebook : http://www.facebook.com/LeTravaildeByronKatie.

Publié dans APPRENDS-MOI, Philosophie de la VIE | 1 Commentaire »

12345
 

katoueluv |
jeanneundertheworld |
darkangelusmag |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | debbyka
| nouvelles du front ... en a...
| Les ateliers d'Anissina Tur...